L’interview de Laura, aux Etats-Unis

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Laura, 35 ans, originaire de Genève en Suisse, s’est installée en famille dans le New-Jersey suite au transfert intra-entreprise de son mari il y a 4 ans.

 

 

 

 

etats-unisOù est-ce ?

Il s’agit de Buyers Hall sur le campus universitaire de Princeton, NJ. Plainsboro est à 5 minutes en voiture de Princeton, très connue pour son université. Alors en général quand on habite la région, on dit qu’on habite à Princeton, ça fait plus classe 🙂

 

Découvrez son interview

Carte d’identité

Prénom: Laura
Age : 35 ans
Situation personnelle : Mariée, 2 enfants
Situation professionnelle : Master en Sciences de l’éducation – mère au foyer
Pays et ville d’origine : Suisse, Genève
Pays et ville d’accueil : USA, Plainsboro NJ
Partenaires d’expatriation : Mari et enfants
Type et durée du visa : Visa dépendant de celui de mon mari qui a un visa pour transfert intra-compagnie
Blog : http://despexpatriatehousewife.eklablog.com/

Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Laura. Je suis originaire de Genève, Suisse. Avec mon mari et notre fils, nous sommes venus habiter aux Etats-Unis, dans le New Jersey, il y a bientôt 4 ans, pour son travail. Peu après notre arrivée, je suis tombée enceinte et nous avons eu une petite fille, américaine par le droit du sol. Maintenant je suis mère au foyer et mon emploi du temps dépend beaucoup de celui des enfants. Quand je ne m’occupe pas d’eux ou de la maison, j’écris sur mon blog, prépare des futures vacances ou fêtes d’anniversaire, bois des cafés avec mes copines. Je suis aussi volontaire à l’école de mon fils, où j’aide notamment la bibliothécaire une fois par semaine et m’occupe de temps en temps de la reliure des travaux des élèves.

Quelle est l’adresse de votre blog ?

Mon blog http://despexpatriatehousewife.eklablog.com/ raconte notre quotidien et nos voyages pendant notre expatriation aux Etats-Unis. Le blog nous permet de garder une trace de notre expérience américaine et aussi de donner des nouvelles à nos familles et amis en Suisse.

Où vivez-vous actuellement ?

Nous habitons à Plainsboro, dans le New Jersey. Nous habitons à cet endroit parce que c’est proche de l’entreprise de mon mari. A la base, mon mari avait un contrat de 3 ans, mais il a été prolongé de 2 ans. Nous ne savons pas encore ce que nous ferons au bout de 5 ans de contrat : rester ici avec des conditions locales ? Rentrer au pays ? Partir en expatriation dans un autre pays ?
Pour ma part, j’avais déjà vécu environ 6 mois à Madrid, en Espagne, dans le cadre de mes études universitaires, par le biais du programme Erasmus.

Comment était votre vie dans votre pays d’origine ?

Juste avant de partir aux Etats-Unis, je venais de commencer mon premier job après mes études universitaires. Nous avions déjà un enfant et nous vivions dans un appartement loué. Nous habitions assez près de certaines personnes de nos familles respectives, ce qui était bien pratique. Nous pouvions très facilement voir nos amis et faire des sorties. Le réseau des transports publics est assez vaste et fonctionne bien à Genève ; c’était mon moyen de déplacement principal, surtout parce que je n’aime pas conduire.

Pour quelle(s) raison(s) avez-vous choisi de vous expatrier ?

Nous pensions que c’était une bonne occasion de découvrir une nouvelle culture, voyager dans une partie du monde que nous ne connaissions pas et donner l’opportunité à notre fils de devenir bilingue. Donc, il y avait un peu l’envie d’expérimenter une vie différente et à travers ça de vivre de nouvelles aventures. Mais ce n’était pas du tout pour chercher un meilleur niveau de vie (je pense que nous sommes plutôt bien lotis en Suisse), ni pour des avantages fiscaux.

Plainsboro Pond sous les couleurs de l'automne. Il y a beaucoup de végétation et de petites étendues d'eau dans notre région. A chaque saison, ça donne de magnifiques tableaux naturels :)

Plainsboro Pond sous les couleurs de l’automne. Il y a beaucoup de végétation et de petites étendues d’eau dans notre région. A chaque saison, ça donne de magnifiques tableaux naturels 🙂

Comment s’est passé votre départ ?

Tout s’est passé très vite pour nous. Entre le moment où l’on a proposé l’expatriation à mon mari et le moment où nous sommes partis, nous n’avons eu que 2.5 mois pour nous préparer. Heureusement, l’entreprise de mon mari s’est occupée de nous mandater des déménageurs et ce sont eux qui ont empaqueté et envoyé toutes nos affaires (on n’a pas vraiment eu besoin de trier, à part pour l’électronique qui ne fonctionne pas au même voltage et n’a pas les mêmes prises ici) dans un container qui est arrivé environ 2 mois après nous aux Etats-Unis. La compagnie de mon mari avait également chargé une entreprise de relocation de nous guider à notre arrivée : numéro de sécurité sociale, permis de conduire, logement, cours de langue, etc. Nous avons presque toujours eu quelqu’un pour nous épauler, ce qui nous a bien facilité la vie !
Le ressenti au moment de partir, c’était beaucoup d’excitation, de curiosité, mais aussi un peu de peur et de tristesse de quitter la famille et les amis.

Comment se sont passées les premières semaines sur place ?

Les deux premiers mois, nous logions dans un hôtel. Pour moi, c’était un peu déprimant, parce que je tournais en rond dans notre suite avec notre fils. Les transports publics étant ce qu’ils sont ici, je n’avais pas beaucoup d’options pour me déplacer. Nous avions un agent immobilier qui nous emmenait visiter des maisons de temps en temps. Pour moi, tout était trop grand ou trop loin d’un semblant de civilisation (supermarché, pharmacie, etc.). Finalement, nous avons choisi une maison proche du travail de mon mari et depuis laquelle je pouvais aller à pieds jusqu’à un supermarché.
Je n’ai pas cherché de travail, parce que je suis tombée enceinte 2 mois après notre arrivée. Et comme nous pouvions nous permettre de vivre avec un seul salaire, j’en ai profité pour passer du temps avec mes enfants. Mais du coup, les rencontres avec d’autres personnes ont été moins évidentes, à moins de vouloir intégrer des groupes de mamans, ce qui ne me branchait pas vraiment à la base. Dans la région, il y a aussi une association de francophones, mais je voulais éviter de ne parler que français et de ne pas progresser dans mon anglais. Le problème, c’est que là où nous habitons, il y a une très forte majorité d’indiens (d’Inde, pas des natifs américains) qui restent pas mal entre eux et du coup, c’est encore moins évident de faire des rencontres…
Ce qui m’a aidé à rencontrer du monde, c’est un cours de conversation pour personnes ESL (English as a Second Language) donné à la bibliothèque du village. C’est là que j’ai fait la connaissance de la plupart de mes copines, qui viennent des quatre coins du monde ! Du coup, lorsque nous discutons, notre anglais ne s’améliore pas forcément, mais au moins nous nous comprenons dans nos difficultés quotidiennes liées à notre intégration…
Par rapport à la langue, je pensais que je m’en sortirais bien, parce que j’ai le Cambridge Certificate of Advanced English, mais au début ce n’était pas du tout le cas ! Je ne comprenais rien de ce que l’on me disait et les gens ne me comprenaient pas non plus. C’était très frustrant ! Passer des coups de fil était une horreur pour moi ! Du coup, je demandais toujours à mon mari de les faire…

Qu’est-ce qui vous plait dans le pays où vous vivez actuellement ? Qu’est ce qui vous plaît moins ?

Les plus : être disponible pour mes enfants et ne pas devoir jongler entre ma vie professionnelle et eux. Etre proche de la nature, avoir un jardin où les enfants peuvent s’épanouir. Le village dans lequel nous vivons est assez sûr, aussi bien dans la vie de tous les jours que pour les enfants à l’école.
Les moins : dépendre de la voiture pour tout faire. Etre constamment incité à la consommation. Le non respect de l’environnement.

Par rapport à votre pays d’origine, qu’est ce qui est mieux ? Qu’est ce qui est moins bien ?

Un élément que je trouve personnellement mieux c’est l’espace… les routes larges, les places de parc larges. Pour une traumatisée de la route comme moi, c’est agréable ? Enfin, en tout cas en dehors des grandes villes. NYC ou Philadelphia, par exemple, c’est loin d’être aussi agréable de conduire ou d’être conduit…
Par contre les transports publics ici sont très mauvais. Les bus ne passent pas souvent, les arrêts de bus (la plupart du temps dépourvus d’abris) sont hyper loin les uns des autres. Le plus proche de chez moi doit être à plus de 3km ! Les trains, quand ils fonctionnent, sont vétustes et bondés durant les heures de pointe. En plus, je trouve que les prix des billets sont chers par rapport à la qualité des transports.

En Suisse, nos routes sont moins larges (d’ailleurs il y a souvent des débats sur nos autoroutes qui n’ont que 2 voies…) et la conduite en ville est terrible. Ça met facilement les gens de mauvaises humeurs et agressifs. Aux States, dans la campagne où nous vivons, je ne ressens pas cette agressivité. Par contre, on la retrouve très vite dès qu’on se rapproche des grandes villes !
Et en Suisse, comme je l’ai déjà dit, les transports sont top. Ils sont chers aussi, mais le confort y est. Et ceux qui se plaignent là-bas, c’est qu’ils n’ont pas voyagé ailleurs pour se rendre compte de la chance qu’ils ont !
Evidement, il y aurait plein d’autres comparaisons à faire, mais pour moi celle du transport est la plus importante parce qu’elle impacte beaucoup mon mode de vie.

Quelles sont les caractéristiques de votre pays d’expatriation ?

  • La mentalité des locaux

Ils sont très fiers de leur pays et très patriotiques. Ils sont vraiment persuadés qu’ils vivent dans « the greatest country in the world ».

  • Le climat

Hiver assez froid, été super chaud et humide. Printemps et automne : températures agréables en général.

  • La nourriture

C’est ici que j’ai découvert les cheesecakes et j’adooooore ! J’aime bien aussi les bagels.
Sinon, il n’y a pas grand-chose de typiquement américain que j’aime. Ils mettent du sucre partout et moi qui suit d’ordinaire fan de sucreries, là je trouve quand même que c’est abusé : le pain sucré, le jambon sucré, les sauces (à salade, BBQ ou autres) hyper sucrées… beurk !

Je ne peux pas dire que le fromage me manque, parce qu’on en trouve facilement du importé (même s’il coûte une fortune). Mais tout de même, lorsqu’on a épuisé le stock de fromage à fondue ramené de Suisse, on éprouve quand même un certain manque… Et puis les saucisses me manquent aussi. C’est pas qu’ils n’en vendent pas ici, c’est juste qu’elles sont… vous l’aurez deviné : sucrées !
Le bon pain et les bonnes viennoiseries me manquent aussi parfois. On arrive à en trouver ici, mais ce n’est pas toujours à portée de main.

  • La scolarisation

L’école obligatoire commence à 5 ans avec le Kindergarten. Mais dans ce district, ils ne proposent que des demies-journées pour le Kindergarten. Pour compenser, ils proposent un programme d’extension payant. Il paraît que ce n’est pas partout comme ça, dans d’autres endroits le Kindergarten dure une journée complète. Et comme tout ça c’est pas forcément pratique, il y a plein de parents qui mettent leurs enfants dans des écoles privées jusqu’à la fin du Kindergarten.

Et donc, l’école élémentaire commence avec le Kindergarten et va jusqu’au 4th grade, si je ne me trompe pas. Ensuite, il y a la middle school, du 5th au 8th grade. Puis, la high school, du 9th au 12th grade. Après c’est l’université ou “college”.

Les horaires varient en fonction du niveau scolaire.

En plus de ça, pour tous les niveaux scolaires, il ya des tas d’activités extrascolaires, payantes pour la plupart, sauf erreur.

Une particularité de l’école américaine c’est qu’elle encourage beaucoup la créativité de chacun et permet à chaque élève de développer son imagination. Du coup, les élèves apprennent souvent de façon très originale et parfois ça peut ne pas sembler sérieux quand on provient de pays beaucoup plus strict. Moi, ce qui me frappe beaucoup, c’est la quantité de fêtes qu’ils font en classe et à l’école ! Parfois, je me demande comment ils ont le temps de voir tout le programme… C’est assez intrigant, mais ils y parviennent ! Les enfants semblent vraiment apprendre !

En ce qui concerne le bilinguisme, nos deux enfants sont bilingues, mais ne le sont pas devenus de la même façon. Lorsque nous sommes arrivés, notre fils n’avait pas tout à fait 2 ans mais s’exprimait déjà bien en français. Même s’il a assez vite compris l’anglais, ça lui a pris presqu’un an pour s’exprimer clairement dans cette langue. Notre fille, par contre, est née ici et a entendu parler les deux langues fréquemment, dès sa naissance. Du coup, elle a commencé à parler beaucoup plus tard que son frère, mais dans les deux langues en même temps.

  • Les vacances

Mon mari a environ 6 semaines de vacances (une est entre Noël et Nouvel An, pour toute l’entreprise), mais ce n’est pas typique américain. Au contraire, il a cette chance parce que c’est lié à son contrat d’expatrié.

En ce qui concerne les vacances scolaires, mon fils a de longues vacances d’été (presque 2.5 mois) et environ une semaine entre Noël et Nouvel An. Sinon, il peut y avoir une semaine en avril pour « Spring Break », mais cette semaine dépend de si l’école a dû fermer en hiver à cause des jours de neige… Du coup, au lieu d’avoir des semaines de vacances fixes pendant l’année scolaire, ils ont des jours de congé éparpillés par-ci par-là pendant l’année.

  • La santé

Maintenant, il est obligatoire d’avoir une assurance santé aux Etats-Unis. Mais les plus démunis peuvent recevoir une aide pour la financer. Donc chaque mois, on paie son assurance et quand on va consulter un médecin, il nous demande un « co-pay », c’est-à-dire une participation financière à payer tout de suite avant la consultation, si on n’a pas encore atteint la franchise annuelle. Le montant du co-pay va dépendre du type de consultation (chez un généraliste/spécialiste, check-up/maladie, dans le réseau/hors réseau de soins, etc.).

Une photo de mon quartier typique des banlieues campagnardes américaines, avec en fond le typique bus jaune de l'école qui arrive!

Une photo de mon quartier typique des banlieues campagnardes américaines, avec en fond le typique bus jaune de l’école qui arrive!

Chaque fois qu’on consulte un nouveau docteur, il faut remplir des tonnes de papiers où on te pose notamment des tas de questions sur ton historique médical. Souvent, tu dois attendre longtemps, alors que tout le monde doit prendre rendez-vous et que les consultations ne durent en général pas plus qu’un quart d’heure. Avant de voir le docteur, il y a une infirmière, ou assistante médicale, qui vient te chercher pour t’emmener dans une minuscule pièce sans fenêtre. Là, elle va te peser, mesurer, prendre le pouls, voir si t’as de la fièvre et ensuite elle te repose la plupart des questions qu’il y avait déjà dans la paperasserie du départ. Il se peut aussi qu’elle fasse tout ça dans le couloir, si la salle de consultation a vraiment la taille d’un cagibi. Passe ensuite furtivement le médecin qui va à peine t’ausculter et te reposer encore les mêmes questions auxquelles tu as déjà répondu précédemment. Très probablement qu’il va te prescrire un antibiotique pour ton problème (ils règlent souvent les bobos comme ça ici…) ou te reprocher de ne pas avoir fait le vaccin contre la grippe, parce qu’il est subventionné par un groupe pharma pour le faire…

Voilà comment ça se passe chez le docteur : c’est comme au fast-food ; tu fais la queue pendant des heures, mais tu passes ta commande en une minute et demie, tu manges en 5 minutes et c’est fini. Sauf que la facture du médecin coûte bien plus chère que ce que tu paies pour la malbouffe, et pourtant les soins ne sont pas toujours de la meilleure qualité !

  • La conduite

Ici, on roule à droite, comme en Europe. Tout est assez semblable, à quelques exceptions près (par ex. : ici, lorsque l’on est arrêté à un feu rouge, on peut quand même tourner à droite, s’il n’y a pas de voitures qui arrivent… c’est tellement génial pour la fluidité du trafic !).
Quand on a déjà un permis, il suffit de passer la théorie. Là où nous habitons, on peut passer la théorie en différentes langues, ce qui est bien pratique.

  • La censure

Oui, je pense que le gouvernement et les médias ne fournissent que les informations qui les arrangent.

  • Ce qui coûte cher dans votre pays d’accueil / ce qui ne coûte pas cher

Ce qui coûte cher : le téléphone (il me semble que nous avions de meilleures offres d’abonnement en Suisse, que ce soit pour le fixe ou le mobile), les frais médicaux, la nourriture importée (évidemment…), les transports publics (trains, métro, etc.), les entrées dans les musées.
Ce qui ne coûte pas cher : les maisons (en tout cas par rapport à la Suisse), les habits, les jouets, les livres, etc.

Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans les mentalités, les habitudes culturelles du pays ?

Les contradictions quotidiennes ! Par exemple, une pub sur 2 à la télé te montre des images de bouffe grasse et dégoulinante et la pub d’après essaie de te vendre des méthodes pour perdre du poids. Tu vas dans une pharmacie et derrière le comptoir de la caisse on te vend des cigarettes et à côté des Nicorette pour arrêter de fumer…

Avez-vous des «habitudes» ?

Une habitude prise ici : faire les courses le dimanche ou en soirée… En Suisse les magasins sont fermés le dimanche et ferment vers 18h30-19h30 en semaine.

Pour les heures de repas, nous avons gardé nos habitudes. Les gens sont par exemple surpris de savoir que nous dînons vers 19h30, alors qu’ici ils ont tendance à manger vers les 18h.

Est-il facile de partir en weekend ?

Depuis là où nous habitons, oui il est très facile de partir en week-end. Nous nous situons entre NYC et Philadelphia, à environ une heure de route des deux villes. Nous sommes aussi à environ 45 minutes de la plage. On peut faire plein de balades dans la nature, visiter des musées, etc.

Décrivez votre cadre de vie

Si je vous dis « Desperate Housewives », ça vous donnera directement une idée du cadre dans lequel nous vivons : une petite banlieue peuplée de gens de classe moyenne supérieure où toutes les maisons sont alignées et se ressemblent. Nous sommes plutôt à la campagne et nous avons la chance de voire fréquemment des cerfs, lapins, écureuils, oiseaux en tout genre, etc. se promener dans le voisinage ou même dans notre jardin.

Racontez-nous une anecdote ?

Une que j’aime bien raconter, c’est une histoire qui m’est arrivée chez le docteur, pendant ma grossesse aux Etats-Unis. Lors de mon premier rendez-vous, le médecin m’a dit « Get undressed » et ensuite j’ai compris « blablabla »… C’était à peine 3 mois après notre arrivée et j’avais encore beaucoup de difficultés à comprendre l’anglais américain. Comme il m’a montré la chaise d’auscultation après m’avoir dit de me déshabiller, j’ai juste compris qu’il fallait que je m’asseye toute nue sur la chaise. Pendant que je me déshabillais, le docteur était sorti de la pièce ; quand il est revenu et qu’il m’a vue toute nue, il a paniqué et m’a dit « non, mais vous deviez mettre ça sur vous »…. Le « ça », c’était une sorte de blouse en papier sur laquelle je m’étais assise en pensant que c’était la protection pour la chaise… Bein, oui, chez mon docteur en Suisse, j’avais des blouses en tissu ou des paréos, alors là, j’avais pas compris… Le plus drôle, c’est que le docteur est ressorti de la pièce pour me laisser le temps d’enfiler ladite « blouse » et dès qu’il est revenu, la première chose qu’il a faite c’est d’ouvrir ma blouse pour ausculter ma poitrine !

Bref, toute cette pudeur inutile, alors qu’environ 9 mois plus tard il allait me voir complètement à poil sur le lit d’accouchement pour m’ouvrir le ventre et en extraire ma petite fille… ça fait partir des aspects contradictoires des américains !

Racontez-nous une journée typique ?

Comme je le disais plus haut, ma journée est beaucoup basée sur l’emploi du temps de mes enfants, donc je fais beaucoup le taxi entre la maison et la crèche/école ou activités parascolaires. D’ailleurs ici, on parle de « soccer Moms » pour décrire les mamans qui passent leur temps à faire le taxi pour leurs enfants, ce qui n’est pas toujours bien connoté… Enfin bref, je vous rassure, entre deux taxis, mes copines et moi ne commettons pas de meurtre et ne couchons pas avec les jardiniers mexicains, comme une certaine série TV le laisserait croire… 😉

En ce qui concerne les week-ends, je dirai que la première année nous faisions beaucoup de visites aux alentours, mais après ça s’est beaucoup calmé. Maintenant nous restons plus souvent à la maison, emmenons les enfants à des birthday parties, ou voyons des amis.

Votre adaptation

Votre intégration a-t-elle été facile ?

Oui et non. Disons que nous ne nous sentons pas rejetés, parce qu’il y a énormément d’étrangers ici. Les gens ont l’habitude de voir des nouveaux arrivants mais ce n’est pas pour autant qu’ils ont le réflexe de te guider et de t’expliquer les choses pour te faciliter la vie. Il faut constamment leur dire que là d’où tu viens, ça ne fonctionne pas comme ça et que tu ne sais pas ce qu’il faut faire et que ce n’est pas clair pour toi. Des fois, si fatiguant et démoralisant. Tu te sens à côté de la plaque et pas intégré…

Avez vous rencontré facilement les « gens du pays » ?

Non. Comme je l’expliquais plus haut, là où nous vivons, il y a énormément d’indiens et aussi des asiatiques (chinois, coréens, etc.).
Les américains que je connais, je ne les considère pas encore comme des amis, parce que j’ai vraiment du mal à les cerner. Ils sont très « friendly » au premier abord, mais après il est difficile de rendre la relation plus profonde.

Du coup, la plupart de mes amis ici sont des expatriés fraichement arrivés des quatre coins du monde (c’est-à-dire, plus ou moins comme nous, arrivés dans les quatre dernières années).

Voyez vous / côtoyez vous d’autres personnes de votre pays d’origine sur place ?

Oui, parmi les collègues de mon mari, il y a d’autres suisses et nous les voyons régulièrement. Ça fait du bien d’ailleurs de temps en temps de se retrouver autour d’une fondue ou raclette ensemble ; ça rappelle le pays !

Vous êtes vous facilement adapté à votre nouveau pays ?

Je dirais que oui, même s’il n’y a pas un jour où je râle sur le fonctionnement de ce pays…

Connaissez-vous la langue du pays ?

Oui. En Suisse, comme dans beaucoup d’autres pays, on apprend l’anglais à l’école. En plus de ça, j’avais passé un certificat d’anglais british, niveau avancé. Mais arrivé sur place, la compagnie de mon mari me donnait aussi la possibilité de prendre des cours avec Berlitz. Alors j’en ai profité pour avoir des cours en anglais américain.

Votre lien avec votre pays d’origine

Face à quelle mentalité/habitude/défaut de votre pays d’origine êtes-vous plus clément, avec le recul d’habiter à l’étranger ?

L’administration… si je la trouvais parfois lente en Suisse, je la trouve pire ailleurs !

A quelle fréquence rentrez vous dans votre pays d’origine ?

Une à deux fois par année.

Avez vous des contacts réguliers avec votre entourage resté dans votre pays d’origine ?

Oui, on skype à peu près chaque semaine avec nos familles respectives. Avec les amis beaucoup moins. Avec eux, c’est plutôt à travers Facebook ou par whats’app qu’on se donne des nouvelles.

Avez vous prévu de revenir vivre dans votre pays d’origine un jour ?

Oui. Nous ne savons pas encore quand exactement, mais nous y retournerons. Il y a quand même des valeurs auxquelles nous sommes très attachés en Suisse et qu’on ne retrouve pas du tout ici, aux Etats-Unis… Et puis, la famille, les amis de longue date avec lesquels on peut s’exprimer sans malentendus linguistiques ou culturels, ça nous manque aussi…

Conclusion

Avez vous évolué ou grandit depuis votre départ ?

Ma principale évolution c’est que maintenant je conduis !!! Mes amis m’appelait « le boulet » en Suisse, parce qu’il fallait toujours qu’on me transporte partout, vu que je n’avais pas de véhicule et que je refusais de conduire…

Aussi, avant de partir, je ne m’imaginais pas vivre à la campagne, parce que j’avais toujours été habituée à la ville et à avoir tout à proximité (les écoles, les commerces, etc.). Maintenant, j’apprécie la tranquillité et le rythme plus calme de la vie campagnarde. Du coup, lorsque nous rentrerons en Suisse je serai prête à vivre à la campagne, chose que je n’aurais jamais acceptée avant…

Avez-vous des conseils pour les futurs-expatriés ?

Surtout pour les époux/épouses qui suivent leur conjoint pour leur travail : ayez un projet personnel avant de partir… parce qu’au début quand on arrive et que tout est nouveau, c’est sympa, mais après, sans emploi ou sans autre projet à réaliser, ce n’est plus si facile à vivre…

Comment vous voyez vous dans 5 ans ?

Aux States, en Suisse, ou ailleurs… nous ne savons pas encore !

Comment vous voyez vous dans 20 ans ?

Très probablement en Suisse !

Dans quel coin du monde rêvez vous de vivre ?

Dans un endroit où il fait plutôt chaud, où la nourriture est bonne et saine, où je peux m’exprimer clairement et où les valeurs se rapprochent des miennes.

Où aimeriez-vous vivre une fois que vous serez à la retraite ?

Un peu partout… pourquoi pas faire le tour du monde ?

Retrouvez Laura sur son blog

Le blog de Laura : http://despexpatriatehousewife.eklablog.com/

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Remerciements

Merci à Laura d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions et d’avoir partagé avec nous sa vie de desperate housewife aux Etats-Unis !

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Si vous souhaitez poser des questions à Laura sur son interview, n’hésitez pas à lui laisser des commentaires sous cet article. Elle se fera un plaisir d’y répondre !

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