L’interview de Marc, au Vietnam


30-10-2013-Puits-Ap7-XGC

Marc, retraité, vit au Vietnam depuis 8 ans et a créé l’association Les Enfants du Dragon.

 

 

 

 

vietnamDécouvrez son interview

Carte d’identité

Prénom : Marc
Age : 65 ans
Situation personnelle : 1 fils et 2 petits enfants
Situation professionnelle : retraité
Pays et ville d’origine : Arras (62), France
Pays et ville d’accueil : Hồ Chí Minh – Vietnam
Date de début d’expatriation : 16/07/2007
Type et durée du visa : Carte de résident 3 ans
Bloghttp://marcopolo1949.skyrock.com/

Présentez-vous ?

– Marc De Muynck, 65 ans né à Arras – Nord (France).

Je suis plutôt un autodidacte, électro-mécanicien de formation (Lycée technique Bd Carnot et Lycée Bocquet Flochel) puis militaire de carrière pendant 32 ans – Maintenant retraité, je suis père et grand-père, j’ai un fils de 39 ans père d’une petite fille « Lauryne » de 9 ans et d’un petit fils « Elyot » de 5 ans qui me manquent parfois ici. Je suis depuis plusieurs années bénévole humanitaire.

Votre blog

http://marcopolo1949.skyrock.com/ – Je fais un blog pour que famille et amis puissent suivre mes activités et aussi pour faire la promotion de notre ONG…

Où vivez-vous actuellement ?

Je vis depuis Janvier 2007 à Saigon (HCM), Dès l’adolescence j’ai toujours eu l’idée de partir (influencé par la chanson de Charles Aznavour « Emmenez-moi »  – Emmenez-moi au bout de la terre – Emmenez-moi au pays des merveilles – Il me semble que la misère – Serait moins pénible au soleil…) ; à 14 et 15 ans je postulais déjà pour entrer à l’école des mousses » de Rochefort et St Mandrier, mais surclassé par de meilleures références, j’étais plutôt indiscipliné à l’école (appréciations de certains professeurs…).

J’ai travaillé pendant 14 mois chez « Lobry-Goubet » une petite entreprise arrageoise à cette époque je ressentais le besoin de partir loin, en 1969 je me suis engagé dans les troupes aéroportées (1er RPIMa : Régiment Parachutiste des Troupes de Marine à Bayonne),. Ma carrière m’a conduit dans diverses garnisons en métropole et Outre-mer… Des problèmes de santé sont survenus et j’ai été contraint de me recycler dans un emploi administratif, cette situation fut pratiquement inacceptable quand on croit n’être fait que pour l’action… Je suis donc arrivé au Bureau du Service National de Valenciennes pour y continuer ma carrière

Je suis venu pour découvrir le Vietnam pour la première fois en 2001 (3 mois de tourisme) ou j’ai établi un premier contact avec sœur Bénédicta dans un Orphelinat à Sadec – delta du Mékong, j’y étais venu pour remettre des dons de la part de « l’association nationale des anciens et amis de l’Indochine » – ANAI » de Valenciennes.

Cela a été ma première prise de conscience des grandes difficultés sociales de ce pays pauvre. Au cours de ce voyage je me suis fait des amis vietnamiens et j’ai entretenu les contacts. A mon retour, j’ai fait un stage à Versailles auprès d’un organisme « Volontaires pour le monde » qui mène des actions humanitaires dans plusieurs pays du globe. En 2002 j’ai entrepris un nouveau long voyage qui m’a mené entre autre au Myanmar (ex Birmanie), j’avais un projet humanitaire avec « Karuna » au profit des enfants pauvres et des enfants des rues de Rangoon et de Mandalay. Mais je me suis heurté à des difficultés pour obtenir une autorisation de séjour de longue durée, je suis donc rentré en France.
J’ai ensuite visité d’autres pays d’Asie, je suis repassé pour 2 brefs séjours au Vietnam et en 2006 j’ai fait une mission de 6 mois auprès d’une ONG suisse à – TP Ho Chi Minh.
Mais avec le Vietnam le lien est différent, il est indéfinissable, fait d’un faisceau de sensations qui fait que je me sens très bien ici…

A la fin de ce séjour, je dois rentrer en France pour me faire opérer d’un cancer et en janvier 2007 je reviens avec la volonté d’aider les orphelins, les enfants abandonnés et les plus pauvres du pays, et bien sûr de mettre en application mes idées…
Je commence à travailler seul sur le terrain, je parcours les petits villages et je vais à la recherche de projets puis je les soumets à des associations françaises ou ONG pour les soutenir financièrement… J’ai un très bon contact avec l’association « Coup de pouce humanitaire » qui a de petits budgets à attribuer pour la construction de maisons d’affection… A cette époque je fais la connaissance de l’association « Mère Isabelle » qui prête son nom pour couvrir officiellement les travaux, j’ai appris plus tard qu’elle n’avait pas de permis de travail au Vietnam (elle a obtenu ce pernis u epu plus tard) ce qui m’a valu quelques soucis avec les services de l’immigration début 2009…
Mon expérience de bénévole auprès de certaines ONG ne m’a pas satisfait, je n’y ai pas réellement trouvé ma place, le bénévole n’est souvent qu’un pion que l’on assigne à une tache et n’est que peu ou pas impliqué dans les projets ou les prises de décisions…

Nous avons alors décidé avec un ami vietnamien Mr BUI HUY Lan, chirurgien dentiste dans le Nord de la France de créer l’association les enfants du dragon que je me suis empressé cette fois de déclarer auprès des autorités vietnamiennes et du PACCOM à Hanoi.

 

Votre vie avant votre expatriation

Comment était votre vie dans votre pays d’origine ?

J’avais une vie ordinaire avec comme de nombreuses personnes qui ont travaillé toute leur vie, maison, voiture, des amis, je suis philatéliste, à la retraite je me suis mis à la peinture à l’huile, un peu de sport le plus souvent possible (vélo, musculation)… Partout où j’ai servi j’ai toujours fait partie d’associations (corporatives ou autres), principalement, j’ai été Président de « l’Amicale de l’ancre d’OR » à Valenciennes et secrétaire trésorier du Comité d’entente des associations patriotiques du Valenciennois de 1989 à 2007, dont l’un des objectifs était d’être solidaire et d’aider des familles d’anciens combattants morts dans l’exercice de leur métier. Nous entretenions des liens d’amitié et d’échange avec les anciens combattants du King Regiment à Manchester en Grande Bretagne. Pendant de nombreuses années j’ai organisé avec d’autres bénévoles la fête de Noël avec un spectacle et la remise de cadeaux pour tous les enfants de notre caserne.

Pour quelles raisons vous êtes vous expatrié ?

ie, mais avec le Vietnam le lien est différent, il est indéfinissable, fait d’un faisceau de sensations qui fait que je me sens très bien ici, je n’ai jamais aimé le froid et la vie est agréable et la cuisine excellente ici…

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Votre vie à l’étranger

Comment s’est passé votre départ ?

Quand j’ai décidé de mon départ, j’ai tout laissé derrière moi, juste une valise, je suis une personne qui ne se pose pas trop de questions.

Comment se sont passées les premières semaines sur place ?

Je connaissais déjà un peu le Vietnam, ma profession m’a appris à m’adapter à toutes les situations, même les plus inconfortables. J’ai opté pour l’hébergement chez l’habitant, de loin le plus économique de tous si on sait se contenter de peu, il est essentiel de bien comprendre les us et coutumes, la culture du peuple vietnamien et pour s’intégrer pleinement d’apprendre la langue qui est assez difficile à pratiquer pour un occidental, j’ai pris quelques cours et ensuite en immersion complète.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre vie à l’étranger ? Qu’est-ce qui vous plaît moins ?

Pour le positif, j’y ai répondu ci-dessus.

Ce avec quoi j’ai du mal à m’habituer c’est qu’un vietnamien ne dit jamais non, j’ai l’habitude d’être direct et ici on s’abstient de faire « perdre la face » à son interlocuteur, quitte à mentir.

Par rapport à votre pays d’origine, qu’est ce qui est mieux ? Qu’est ce qui est moins bien ?

Ce qui est mieux, c’est la convivialité, la facilité avec laquelle on peut établir des contacts, en France les gens deviennent individualistes voire égoïste, la méfiance est présente partout. Ici les gens vous accueillent sans formalité chez eux vous offrant un verre d’eau ou une tasse de thé et je pense qu’il y a bien moins d’insécurité ici que maintenant en France.

 

Les caractéristiques de votre pays d’accueil

  • La mentalité des locaux

Si on s’éloigne des lieux touristiques où toutes sortes de prédateurs sont à l’affut pour profiter au maximum des touristes, la majorité des gens sont accueillants et souriants. Ici on se lève très tôt pour se livrer à son activité sportive favorite dans les ruelles ou les jardins publics de son quartier. La sieste est très largement pratiquée et les journées sont longues, les parents poussent les enfants à étudier : cours du soir, cours complémentaires les samedi et dimanche… Les portes des maisons sont en général grandes ouvertes sur la rue, le soir on rentre les motos ou la voiture dans la maison… Les gens travaillent beaucoup et ont besoin de faire la fête, les bars à bière et les karaokés sont leurs lieux de décompression…

  • Le climat

30° en moyenne avec un air humide, ici dans le Sud il y a 2 saisons : une sèche de décembre à Mai et une humide.

  • La nourriture

La cuisine vietnamienne est très fine et variée avec une base de riz et des légumes.

Je n’ai pas réellement de plats préféré, par contre certaines spécialités sont plus difficiles à avaler, le plus difficile pour moi a été la première fois où j’ai du manger des œufs de cane couvés (Trứng vịt lộn). Je pense parfois à une bonne bière fraîche belge…

  • La santé

La plupart des gens n’ont pas d’assurance santé sauf les salariés des grandes entreprises vietnamiennes et des entreprises étrangères pour lesquelles c’est une obligation.

  • La conduite

On peut transformer assez facilement son permis Européen pour la durée du séjour, on roule à droite (en principe) dans les grandes agglomérations comme Saigon la file de droite est réservée aux 2 roues..  La circulation est très anarchique il faut être très prudent…

  • La censure

On peut parler de tout, mais je conseille de ne pas parler de politique.

  • Ce qui coûte cher / ce qui ne coûte pas très cher

La vie n’est pas chère du tout si l’on vit localement, si on veut acheter des produits français c’est différent…

  • Est-il facile d’emprunter

Au Vietnam, un étranger ne peut pas être propriétaire d’une maison, les résidents peuvent maintenant acheter un appartement.

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Avez-vous des «habitudes» ?

Hormis les horaires de repas, je n’ai pas d’habitudes particulières.

Est-il facile de partir en weekend ?

Le pays se visite très facilement, il y souvent des fêtes culturelles un peu partout et beaucoup de lieux de rencontre pour expatriés…

Racontez une anecdote ?

Au hasard, je peux vous parler d’une mémorable et dramatique histoire que j’ai vécue comme un échec. L’événement remonte à l’été 2010, dans un petit orphelinat de Binh Tân nous avions une petite fille prénommée Hoa Quỳnh, âgée de 9 mois qui souffrait d’une pathologie cardiaque nécessitant une transplantation cardiaque non envisageable au Vietnam. J’ai remué ciel et terre pour solliciter de l’aide, j’ai contacté « Children Action », « Mécénat cardiaque », « La chaîne de l’espoir » qui avoua n’avoir pas les moyens de prendre charge notre petite fille… et d’autres encore. Des personnes sur Internet ont même mis en doute la réalité des faits laissant entendre que c’était une publicité pour recueillir de l’argent en jouant sur leur sensibilité et leur crédulité… Enfin, le Professeur Pierre DECHELOTTE (CHU de Rouen en France) m’a dit que l’enfant était encore trop petite pour supporter une chirurgie cardiaque de cette importance, 2 mois plus tard l’enfant est décédée…

Il y a aussi fort heureusement beaucoup d’histoires joyeuses et gratifiantes dans les actions que nous menons.

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Votre adaptation

Votre intégration a-t-elle été facile ?

Dans l’ensemble oui, j’ai la faculté de m’adapter assez facilement à toutes les situations et environnements.

Avez-vous rencontré facilement les « gens du pays » ?

Oui assez facilement aussi, les vietnamiens viennent spontanément à vous quand vous êtes étranger et sont très curieux…

Voyez vous / côtoyez vous d’autres personnes de votre pays d’origine sur place ?

Très peu, la plupart sont dans la vie active et nous n’avons pas les mêmes préoccupations…

Vous êtes vous facilement adaptés à votre nouveau pays ?

Oui

Connaissez-vous la langue du pays ?

Oui je me débrouille, le vietnamien n’est pas une langue que l’on puisse apprendre seul (à mon avis).

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Votre lien avec votre pays d’origine

Face à quelle mentalité/habitude/défaut de votre pays d’origine êtes-vous plus clément, avec le recul d’habiter à l’étranger ?

Je suis devenu bien plus patient qu’avant et je pense plus tolérant…

A quelle fréquence rentrez vous dans votre pays d’origine ?

J’ai de la famille et des amis dans le Nord, je rentre en principe une fois par an pour une durée d’environ 1 mois … Mais avec Internet maintenant, on ne perd jamais vraiment le contact, que ce soit avec la famille, les amis et les événements… Oui il m’arrive de penser souvent à ceux qui sont en France.

Avez vous prévu de revenir vivre dans votre pays d’origine un jour ?

Je n’ai rien de planifié, ma grand-mère était Normande, alors je vous dirai :  » p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non »…

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Conclusion

Avez vous évolué ou grandit depuis votre départ ?

Difficile de dire moi-même, ceux qui me connaissaient avant pourraient mieux répondre, oui je pense que je suis plus tolérant et compréhensif…

Avez-vous des conseils pour les futurs-expatriés ?

En premier lieu d’avoir des bases de vietnamien et de ne pas partir à l’aventure car les services de l’immigration sont très vigilants et les permis de séjour au long terme impossible à obtenir si vous n’avez pas un travail officiel… Il vaut mieux tenter une aventure sur mesure avec Libre et Nomade avant de se lancer dans une expatriation au Vietnam.

D’avoir une excellente faculté d’adaptation, d’être humble et de savoir se mettre à la portée des autres, de partager leur culture sans restriction.

Dans quel coin du monde rêvez vous de vivre ?

Pour l’heure, je dirai qu’ici çà me convient maintenant….

Retrouvez Marc sur son blog

Le blog de Marc : http://marcopolo1949.skyrock.com/

 

Présentation de l’association Les Enfants du Dragon

Une O.N.G française et agréée par les autorités vietnamiennes.
L’association Les Enfants du Dragon a été fondée, en 2009, par Marc DE MUYNCK et son ami BUI HUY Lan.

Elle est enregistrée depuis cette date, en France, en tant qu’association humanitaire selon la loi de 1901. déclarée le 15 février 2009 et publiée au Journal Officiel le 7 mars 2009 sous le numéro de parution 20090010 et l’identification WALDEC (RNA) W596003365.

En 2010, elle est devenue une organisation non gouvernementale (ONG) française agréée au Vietnam sous le N° 30 BNG-HĐ. Notre éthique ne permet aucune discrimination de race, de religion, de philosophie ou de politique.

Le siège social est fixé : 73 r Roger Salengro – Quarouble 59243 (France) – Tél. +33 327 273 751
N° SIREN : 513189001 – N° SIRET: 51318900100011 et code APE: 9499Z
N° RNA : W596003365

Objet et missions de l’association

L’association Les Enfants du Dragon a pour objet de soutenir matériellement et financièrement des projets humanitaires en faveur des enfants et des plus démunis du Vietnam…

Aider les enfants abandonnés ou orphelins

En leur apportant un environnement sécurisant tout en favorisant leur accès aux soins, au minimum vital et à l’instruction. L’essentiel étant de permettre aux enfants abandonnés ou orphelins de s’épanouir dans un environnement sécurisant, favoriser leur socialisation en les aidant à accéder à la culture et à devenir autonomes.

Lutter contre la précarité des plus démunis

En construisant des maisons de charité et en donnant un toit à des familles qui vivent dans des conditions d’extrême pauvreté.

Soutenir des orphelinats et des écoles pauvres

En finançant des équipements sanitaires, des travaux de rénovation, en offrant des colis alimentaires, des bourses et des fournitures scolaires…

Apporter de l’eau propre à des villages ou des écoles

En effectuant des forages d’eau, en installant des puits et des stations de traitment d’eau potable pour alimenter des centaines de familles…

Lutter contre la malnutrition des populations en détresse

En construisant des fermes de culture de spiruline, en distribuant gratuitement une partie de nos récoltes à des enfants, des personnes âgées et des malades. La spiruline est une micro-algue considérée par l’OMS comme le « super nutriment  » du XXIe siècle du fait de sa richesse en minéraux et vitamines.

Notre « grand projet » est de construire un orphelinat près de Saigon, voir le projet ici.

Contactez : « Les enfants du dragon » 73 Rue Roger Salengro – 59243 -Quarouble – www.lesenfantsdudragon.com

Photos

http://www.flickr.com/photos/marcopolo1949/collections/72157601278637061/

Video Clip : « Les enfants du dragon »

http://www.youtube.com/user/marcopolo1949?feature=mhee

Remerciements

Merci à Marc d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions et d’avoir partagé avec nous sa vie au Vietnam !

Vous avez des questions ?

Si vous souhaitez poser des questions à Marc sur son interview, n’hésitez pas à lui laisser des commentaires sous cet article. Il se fera un plaisir d’y répondre !

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