L’interview de Laëtitia, un an plus tard aux États-Unis

Il y a un, Laëtitia partageait avec nous ses impressions sur la vie aux États-Unis.

Aujourd’hui, nous revenons vers elle pour prendre des nouvelles.

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Habites-tu toujours aux États-Unis ?

Oui j’habite toujours dans la banlieue ouest de Portland, en Oregon. A vrai dire, on vit toujours dans le même quartier et même appartement. Beaucoup de choses ont changé en un an mais notre situation géographique est toujours la même. J’aurai espéré écrire qu’on avait emmenagé dans la maison de nos rêves, mais quelques autres facteurs ont un peu changé le cours de ce projet ! Néanmoins, je suis ravie d’être toujours sur Portland, j’adore cette ville, cette région !

Qu’y fais-tu aujourd’hui ?

Alors sur ce plan-là, il y a eu pas mal de rebondissements.

Quand tu m’as interviewé il y a un an, je travaillais depuis peu dans une agence évènementielle où j’exerçais mon métier et ma passion de toujours : chef de projets évènementiels. A la fin de l’été 2014, j’ai été approchée par une autre agence et après plusieurs entretiens et négociations, ils m’ont « débauchée » avec une offre très alléchante… en tout cas sur le papier. J’ai donc quitté la 1ère agence fin novembre, et ai commencé dans la nouvelle agence quelques jours plus tard.

Très rapidement, les choses ont été compliquées : manque d’organisation et de communication au sein même de l’équipe, aucune formation, j’ai été envoyée en déplacement sans être présentée (même virtuellement) aux clients, pire, sans même qu’on m’informe sur le type d’évènement … Et tout cela dans une ambiance qui s’est vite révélée exécrable, à la limite du harcèlement moral.

Je rentrais à la maison avec beaucoup de frustrations et totalement désintéressée par ce job. Je voyageais énormément, travaillais de longues journées et de longues semaines (parfois 90heures), j’étais peu à la maison, mais je serrais les dents. Quelques semaines après avoir commencé dans cette agence, nous avions eu la joie de découvrir que j’étais enceinte et que nous allions devenir parents à l’automne. Il fallait donc assurer le côté financier et matériel pour l’arrivée de ce bébé.

Mais tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin elle se brise. Au bout de 4 mois et demi, j’avais effectué 6 déplacements de 8 jours chacun sur 5 continents différents (Afrique, USA, Amérique Latine, Océanie, Europe), avais cumulé plus de 4 semaines (soit 180 heures) d’heures supplémentaires, et le seul jour de « repos » qu’on m’avait accordé avait été interrompu 3 fois par des appels et emails « urgents » de mon management.

Loïs et moi avons décidé que cette situation ne pouvait plus durer et j’ai posé ma démission mi-avril. A ce moment-là je pensais rechercher un autre job et reprendre une activité… mais dans mon industrie le rythme aurait été le même et ni Loïs ni moi avions réellement envie de vivre cette première grossesse sous le signe du stress et de la fatigue. On a donc convenu qu’il serait plus raisonnable que je reste à la maison (chose impensable pour moi jusqu’alors) jusqu’à l’arrivée du bébé.

De nature dynamique et presque hyper active, cette transition m’effrayait mais je dois dire que c’était la meilleure décision que nous ayons prise, et je peux vous confier que je ne me suis pas ennuyée une seule minute depuis !

 

Aujourd’hui, qu’est-ce qui te plait dans ta vie à l’étranger, et qu’est-ce qui te plait moins ? Penses-tu t’être habituée aux choses qui te gênaient il y a un de cela ?

Comme je le disais dans ma 1ère interview, je me suis immédiatement sentie comme un poisson dans l’eau ici aux USA. J’en rêvais depuis longtemps et je n’étais pas déçue. Ce sentiment est toujours vrai.

Pour autant j’ai du mal à expliquer ce que je ressens vraiment. J’ai l’impression que ma vie est simple et belle ici. Que c’est le pays des possibles. J’aime la bonne humeur des gens, leur facilité à engager une conversation même courte, même un peu futile. J’aime toutes les découvertes que je fais au fil du temps, que ce soit au niveau de la langue, des paysages, des gens… Je ne me lasse pas d’explorer et bizarrement ma liste ne cesse de s’agrandir…

Bien sûr, il y a certaines choses que j’ai parfois du mal à comprendre ou auquel je n’adhère pas comme la quasi omniprésence de la religion et les armes à feu, et plus particulièrement les conséquences et faits qui en découlent. Mais j’essaie de faire abstraction et me concentrer sur les aspects positifs de ma vie.

 

As-tu découvert d’autres choses qui te plaisent dans ce pays ? Et qui ne te plaisent pas ?

J’ai découvert, à mes dépends, ce que les américains appellent une attitude « passive agressive » dans le milieu professionnel. C’est une attitude qui consiste à reprocher indirectement et insidieusement des choses à quelqu’un. Un truc pas du tout franc du collier, un peu puéril et totalement stérile. Ça a été très déstabilisant pour moi qui ai un mode de communication franc et direct. Je ne m’y suis pas habituée mais j’ai appris à ne pas tomber dans la culpabilité et à renvoyer mon interlocuteur dans ses buts.

Dans un registre plus positif, j’ai découvert de nouveaux coins en Oregon, et comme je le disais plus haut, j’ai ajouté à ma to-do list tout un tas d’endroit que j’ai envie de découvrir.

 

Est-ce qu’un an de plus te donne l’impression d’être encore davantage intégrée ?

Oui et non.
J’ai eu la chance de me sentir intégrée très rapidement. Ma nouvelle vie ici s’est déroulée assez naturellement dès notre arrivée. J’ai trouvé un boulot rapidement et ai été accepté par mes paires, je me suis fait des amis, j’ai participé à des activités dans ma communauté… mon intégration a été facile et rapide.

Néanmoins je sens que cette deuxième année a consolidé ces amitiés que j’avais créées, j’ai rencontré énormément de nouvelles personnes, via le blog, via le meetup que j’anime encore, via la communauté des expats français à Portland qui grandit.

Et puis, récemment, deux de mes amies ont organisé une baby shower en mon honneur et j’ai été émue de constater que 18 de mes amies avaient répondues présentes. C’était un moment magique et très émouvant pour moi.

 

Quel est ton bilan général de cette année passée ?

Les 15 mois qui se sont écoulés depuis mon premier témoignage ont été riches en rebondissement. Ça n’a clairement pas été de tout repos tous les jours mais je ne regrette rien de ce que nous avons vécu. Nous avons dû faire des choix un peu frustrants, pas toujours des plus confortables, mais nous avons traversé tout ça avec brio et à présent nous nous sentons sereins pour accueillir notre bébé dans quelques semaines, ce qui va marquer une nouvelle étape de notre vie d’expat aux USA…

Merci pour ces réponses et bonne continuation (et profitez bien de bébé 😉 ) !