L’interview de Fabrice, en Polynésie française


Fabrice, originaire de la région parisienne s’est installé à Papeete en Polynésie française. Il nous raconte son histoire.

 

 

 

 

 

 

Découvrez son interview

Carte d’identité

Prénom : Fabrice
Age : 46 ans
Situation personnelle : marié, 3 enfants (9, 13, 15 ans)
Situation professionnelle : médecin hospitalier
Pays et ville d’origine : France, région parisienne
Pays et ville d’accueil : Papeete Polynésie française
Date de début de l’expatriation : août 2016
Blog : https://tahitileblog.fr/

 

Présentez-vous ?

Je m’appelle Fabrice et je viens de la région parisienne. Je suis marié et j’ai trois enfants dont deux adolescents mais ça va quand même ! Ma femme et moi sommes médecins hospitaliers.

Quelle est l’adresse de votre blog ?

Nous sommes arrivés à Tahiti en août 2016 et j’ai commencé mon blog six mois après le début de notre aventure. L’envie de bloguer me démangeait depuis longtemps mais je n’avais pas osé me lancer. En débarquant ici, j’ai découvert un tout nouveau monde, beau et passionnant. Le sujet idéal ! Le blog s’adresse à tous ceux qui sont intéressés par la Polynésie. Les articles traitent de l’expatriation, de notre vie quotidienne, de la culture de notre pays d’adoption et de nos voyages dans les îles. Le blog nous permet de partager nos expériences qui, je l’espère, pourront être utiles à d’autres candidats au départ.

Vous pouvez nous suivre ici : https://tahitileblog.fr/

Où vivez-vous actuellement ?

Nous vivons à Papeete qui est la ville principale de Tahiti et de la Polynésie française.

Nous ne savons pas exactement combien d’années nous allons rester. Toute la vie ? On a quand même plutôt prévu de ne rester que trois ans, jusqu’à la fin du lycée pour notre fille aînée. Il y a, en effet, peu de choix d’études supérieures en Polynésie française. Alors on retournera dans la grisaille, la pollution, la morosité….

Votre vie avant votre expatriation

Pour quelles raisons vous êtes vous expatrié ?

Ce n’est pas la première fois que nous vivons loin de la France. Il y a un peu plus de dix ans, nous avons travaillé au Vietnam et en Guadeloupe. Cela faisait un petit moment que nous avions envie de retenter l’expérience de l’expatriation mais sans oser sauter le pas. Le travail, la famille, la routine, la peur de l’inconnu… Et puis un jour, une annonce de poste disponible au centre hospitalier de Polynésie française. En trois mois, on avait démissionné, tout vendu, mis en location notre maison, annoncé la (mauvais) nouvelle à nos proches ! Et nous voilà débarqués à Tahiti !

Votre vie à l’étranger

Comment s’est passé votre déménagement ?

Nous n’avons emporté avec nous que le strict minimum pour une famille de cinq personnes. Ce qui représentait quand même un conteneur de 12 m3. Pas de meuble ou d’objet encombrant. Les locations à Tahiti sont, le plus souvent, meublées. Et puis comme je n’ai pas réussi à vendre mon piano avant de partir et bien il est venu avec nous et il semble très heureux ici ! Nous sommes passés par AGS pour le déménagement. La durée d’acheminement entre la France et Tahiti a été de plus de deux mois.

Qu’est ce qui vous plaît dans votre vie à l’étranger ? Qu’est ce qui vous plaît moins ?

Il y a beaucoup plus de points positifs que négatifs et c’est pour ça qu’on se sent bien en Polynésie.

Ce que nous aimons :

  • La gentillesse des gens et la simplicité des rapports humains
  • Le tutoiement. On dit « tu » à tout le monde, ce qui n’empêche évidemment pas le respect. Par exemple les élèves disent « Monsieur, tu…. » à leur professeur. (c’est pareil pour le ministre ou le directeur de l’hôpital !). Cette façon de s’adresser à l’autre facilite grandement la communication bienveillante.
  • La découverte d’une nouvelle culture
  • Le climat (comparé à Paris, il n’y a pas photo !)
  • Moins de stress dans la vie de tous les jours et au travail
  • L’ambiance générale beaucoup moins morose qu’en France (pas morose du tout, en fait)
  • Passer plus de temps en famille
  • La beauté des paysages
  • Voir l’horizon !
  • Les possibilités de voyages

 

Ce que nous aimons moins :

  • Etre loin de nos familles et amis
  • La vie très chère
  • L’absence de transports en commun (il faut donc faire le taxi pour amener les enfants à l’école et à leurs activités toujours trop nombreuses !)
  • Ne jamais trouver, dans les magasins, ce que l’on cherche.
  • La pauvreté d’une grande partie de la population (au moins un quart).

Les caractéristiques de votre pays d’accueil

  • La mentalité des gens

Les gens, ici, sont accueillants, gentils et très attachants. Il existe vite une complicité du moment favorisée, sans aucun doute, par le tutoiement. Il m’arrive même de faire la bise à mes patientes ! C’est ce qui fait que l’on n’a pas envie de repartir.

  • Le climat

La Polynésie à un climat tropical océanique avec deux saisons. La saison de l’abondance, de novembre à avril, correspond au moment de l’année où il fait chaud et humide. Il pleut souvent beaucoup et c’est la période de la production des fruits et des légumes. La saison entre mai et octobre est relativement fraîche et plus sèche mais il pleut quand même assez régulièrement. Le climat est globalement très agréable sauf peut-être entre décembre et février où il fait chaud et surtout très humide.

  • Le logement

Nous avions un appartement fourni par l’hôpital, pour nos trois premiers mois. Nous avons trouvé notre maison assez facilement par le bouche à oreille. La période à laquelle nous sommes arrivés (fin août) n’était pas très favorable pour trouver un logement en agence. En effet les maisons se libèrent fin juin-début juillet quand les fonctionnaires mutés (prof en particuliers) rentrent en métropole.

  • La nourriture

Nous avons (re)découvert les plats à base de poisson cru comme le poisson au lait de coco ou bien le sashimi. Un véritable régal. Sinon, il existe un plat typique d’ici qui fait polémique. Les Tahitiens l’adorent et en général les expatriés ont beaucoup plus de mal. Il s’agit du Fafaru qui est une préparation de poisson cru, macéré longuement dans une saumure d’eau de mer et de têtes de chevrettes pressées. L’odeur est, pour nous, effroyable et il semblerait que le goût soit en rapport. Nous n’avons pas testé, mais il faudra bien, un jour… Et puis si on est capable de manger des fromages qui puent, alors pourquoi pas le Fafaru !

  • Le système scolaire

Le système scolaire est identique à celui de la France : mêmes matières, mêmes programmes, mêmes examens et diplômes. En élémentaire, le tahitien est enseigné ainsi que la géographie de la Polynésie. La rentrée des classes est mi-août. Les vacances en décembre durent un mois et l’année se termine début juillet. Les grandes vacances de noël permettent aux enfants scolarisés à Tahiti et venant d’îles un peu lointaines de rentrer chez eux. Les expatriés rentrent souvent en France à cette période pour les fêtes de fin d’année.

Les enfants peuvent être scolarisés dans les établissements publics (qui sont sectorisés) ou privés qui sont nombreux et assez peu chers. Les offres pour les études supérieures sont limitées et obligent souvent les enfants à partir en France voire au Canada ou en Nouvelle Zélande.

  • Les vacances

Nous avons 5 semaines de vacances par an. Ici, pas de RTT et la durée légale du travail est de 39 heures par semaine ou 169 heures par mois. Mais cela ne nous empêche pas de profiter de nos congés pour visiter les îles. On ne se plaint pas !

  • Le système de santé

La sécurité sociale locale s’appelle la CPS. Les médicaments (pas tous) et les consultations sont remboursés à 70% et à 100% pour les pathologies les plus graves. Les hospitalisations sont totalement prises en charge. La qualité médicale est équivalente à celle de la métropole. Dans de rares cas, quand les patients ne peuvent pas être soignés sur place, ils sont transférés en France.

  • Le permis de conduire

Le permis de conduire français est valable en Polynésie (en même temps, on est en France !). La conduite des gens est calme, tranquille. Jamais un coup de klaxon dans les embouteillages ou quand le feu passe au vert. Personne ne s’énerve. Tout le monde reste cordial. Ça change de Paris ! Les voitures laissent même passer les piétons !

  • Ce qui coûte cher

Tout coûte plus cher, même très cher ! Le coût de la vie est exorbitant. Je crois que la seule chose qui coûte moins cher qu’en métropole est le permis bateau !

Est-il facile de partir en weekend ?

Les destinations de voyages sont quasi inépuisables. Il y a quand même 118 îles ! Mais, à moins de rester sur Tahiti, ou d’aller à Moorea qui est la magnifique île, en face, à 40 minutes de ferry, il faut prévoir un budget conséquent.

Décrivez votre cadre de vie

Nous vivons dans une belle maison sur les hauteurs de Papeete avec vue sur le lagon et Moorea (je vous raconte pas la beauté des couchers de soleil chaque soir !) à 10 minutes du centre ville, quand ça roule.

Racontez une journée typique

Lever à 5h30 (en pleine forme !) et départ vers 6h45 pour amener les enfants à l’école dans le centre de Papeete. Quelques embouteillages qui paraissent horribles à tous ceux qui n’ont pas vécu en région parisienne ! La journée de travail commence à 8h00. Pose déjeuné à 12h30. Fin de la journée entre 17h-17h30 et retour en passant par l’école ou la garderie du soir ou le club de sport… Arrivée à la maison vers 18h00-18h30. Coucher de soleil sur Moorea. Dîner vers 19h30 et dodo entre 21h et 22h (je ne tiens jamais jusqu’à 22h !). Voilà ; une vie de famille pépère ! Il faut dire, qu’on n’est pas tellement tenté par des sorties en semaine, la vie nocturne à Papeete étant quand même assez calme !

Pendant les week-ends non travaillés, nous partons parfois dans les îles. Mais la plupart du temps nous restons sur Tahiti : plage, randonnées, jogging et souvent on ne fait rien à la maison (il faut bien un peu de temps pour rédiger le blog !)

Votre adaptation

Votre intégration a-t-elle été facile ?

Grâce à notre travail, nous avons rencontré, très rapidement, de nombreuses personnes. Je ne sais pas si on peut parler d’intégration. En tout cas, nous avons, assez facilement, trouvé nos marques.

Vous êtes-vous fait rapidement des amis Polynésiens ?

Même si les rapports avec les Polynésiens sont simples, chaleureux et rapidement cordiaux, il n’est pas si évident de devenir intimes. Mais je crois que c’est un peu comme partout. Il faut du temps pour tisser de véritables liens. Alors un peu de patience.

Voyez vous / côtoyez vous d’autres personnes de votre pays d’origine sur place ?

La grande majorité des personnes que nous côtoyons régulièrement (en dehors du travail) sont métropolitains, expatriés de plus ou moins longue date. Les liens se créent facilement mais ne durent souvent pas très longtemps. En effet, on accompagne fréquemment quelqu’un à l’aéroport pour le grand retour en France. C’est un peu difficile. Mais certains reviennent !

Connaissez-vous la langue du pays ? Avez-vous pris des cours ?

Juste quelques mots de tahitien : ‘ia ora na (bonjour) māuruuru (merci) nana (au revoir) et quelques autres quand même ! Mais très peu en fait. Il faudrait évidemment prendre des cours mais comme tout le monde parle français, il n’est pas très facile de se motiver.

Votre lien avec votre pays d’origine

Vu d’aussi loin, êtes-vous plus clément vis-à-vis des défauts de votre pays d’origine ?

Au contraire, en vivant ici, on s’aperçoit qu’il n’est pas impossible d’être, dans la vie, gentil et raisonnablement optimiste. Ça change de la France où règne l’aigreur et la morosité. Bien sûr, les deux pays et leurs cultures sont très différents et il est difficile de comparer. Mais quand même, cela ne demande pas trop d’effort de faire un petit sourire de temps en temps (petit clin d’œil à mes compatriotes parisiens !).

A quelle fréquence rentrez vous dans votre pays d’origine ?

Nous avons réservé nos billets pour décembre. Cela fera presqu’un an et demi que nous n’avons pas vu la France. Pour rentrer à cinq, c’est cher (et long !), alors on ne fait pas le voyage très souvent. Et puis nous n’avons que cinq semaines de vacances et nous privilégions, pour l’instant, la découverte de la Polynésie.

Avez-vous des contacts réguliers avec votre entourage resté en France ?

Cela dépend des personnes et de leur degré de maîtrise d’internet. Avec certains, nous avons des contacts très réguliers par skype, Whatsapp, Messenger,… Avec d’autres c’est parfois plus compliqué.

Avez vous prévu de revenir vivre dans votre pays d’origine un jour ?

C’est prévu, comme je l’ai expliqué plus haut, quand notre fille devra faire ses études supérieures. Mais la question n’est pas encore complètement tranchée. Et puis, nous ne sommes arrivés que depuis un an, alors on a encore un peu de temps pour se décider.

 

Conclusion

Avez-vous évolué ou changé de mentalité depuis votre départ ?

Je ne sais pas si j’ai évolué ou changé, en si peu de temps. Je suis quand même moins irascible dans les embouteillages, c’est déjà ça ! Mais avec le recul, je me rends compte de tout ce qui n’était pas satisfaisant dans ma vie d’avant. J’espère, que cette expérience me servira au retour.

Avez-vous des conseils pour les futurs expatriés ?

Mon conseil : tenter l’expérience, même si le grand saut dans l’inconnu (un peu moins avec mon blog !) semble difficile et que Tahiti est très loin de la France. Il faut venir découvrir la Polynésie, riche de sa culture malheureusement méconnue, et de ses îles somptueuses.

L’aventure professionnelle peut être très enrichissante à condition de pouvoir s’adapter à un nouvel environnement. Il n’est cependant, pas toujours facile de trouver un emploi car, à qualification égale, un polynésien sera toujours préféré à un expatrié (ce qui est bien normal). Il est donc préférable d’avoir des compétences recherchées sur le territoire. De plus, il est nécessaire d’être prudent et de ne venir qu’avec un poste en vue et une bonne évaluation de son futur pouvoir d’achat. Comme je l’ai déjà mentionné, la vie est très chère ici et il n’y a ni RSA ni assurance chômage. Et pour pouvoir voyager un minimum dans les îles (sinon pourquoi venir ?), il faut un bon salaire.

 

Retrouvez Fabrice sur Internet

Le blog de Fabrice : https://tahitileblog.fr/

Remerciements

Merci à Fabrice d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions et d’avoir partagé avec nous sa vie tahitienne !

Vous avez des questions ?

Si vous souhaitez poser des questions à Fabrice sur son interview, n’hésitez pas à lui laisser des commentaires sous cet article. Il se fera un plaisir d’y répondre !

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