L’interview de Sylvie, un an plus tard en Grèce

Il y a quelques temps, Sylvie partageait avec nous ses impressions sur la vie à Dubai.

Aujourd’hui, nous revenons vers elle pour prendre de ses nouvelles.

Sylvie en Grèce

Bonjour Sylvie ! Où habites-tu aujourd’hui ?

Après les cocotiers de Singapour, les sables de la péninsule arabique, nous sommes allés nous faire voir chez les Grecs et nous habitons aujourd’hui à Athènes.

Qu’est-ce qui a fait que tu aies changé de pays ?

Mon mari s’est vu proposer une nouvelle opportunité professionnelle que nous avons jugée intéressante sur le plan du travail pour lui et de la vie pour le reste de la famille.

Comment s’est passé ce nouveau départ ?

Concrètement, moins de deux mois se sont écoulés entre la confirmation de notre départ et notre installation en Grèce. Nous n’avons donc pas eu trop de temps pour tergiverser ; inutile de penser faire le fameux « look and see » trip, pour nous ce fut, « yallah, sautons dans le bain ». Il a donc fallu jongler entre nos jobs respectifs, les au-revoir aux amis, toutes les actions administratives ou pratiques liées au déménagement ainsi qu’avec les états d’âme des enfants qui ont dû quitter leur école en cours d’année ce qui est loin d’être facile. Au-delà de cela, quelle que soit la situation, on s’y adapte et on y arrive (avec quelques cernes certes), c’est ce que l’on attend des expatriés non ? L’entreprise de mon mari nous a cependant bien épaulés.

T’es-tu facilement intégrée à ce nouveau pays ? Trouves-tu plus facile de s’intégrer après une  plusieurs expatriations ?

Je suis en plein dans cette phase d’intégration et j’y travaille ! J’ai trouvé ici une communauté française très accueillante ce qui est vraiment agréable et je sais pouvoir appeler quelques personnes ressources en cas de question inopinée (où acheter du bois ?) ou fondamentale (où trouve-t-on du foie gras ?). Les amitiés sont en train de se construire, pas à pas, de coup de fil en café ou déjeuner partagé. Après plusieurs expatriations, on connait les ficelles (s’inscrire à l’association d’accueil, aller à l’école, inscrire les enfants dans un club de sport, ne pas hésiter devant une invitation etc.) mais il n’en reste pas moins qu’il faut, comme à chaque fois, recommencer et construire, brique par brique, son cercle social. Cela prend du temps, de l’énergie et de la motivation : l’expérience m’a juste appris qu’il ne faut pas négliger cette phase incontournable que je juge absolument nécessaire à la réussite de notre installation mais elle n’est pas pour autant plus facile, surtout pour une personne un peu asociale comme moi.

Côté local, les Grecs semblent plutôt sympathiques mais nos contacts sont encore limités et nécessitent que les personnes rencontrées soient anglophones ce qui n’est pas toujours le cas (voir question suivante).

Parles-tu la langue du pays ?

Non, et, en plus, j’ai commis la grave erreur de prendre latin en 4e (si j’avais su, j’aurais pris grec et j’aurais au moins su lire !). Si, avec le retour en Europe, la barrière de la culture n’en est pas réellement une, celle de la langue est autrement plus haute ! Lire le mode d’emploi d’installation d’internet a été un grand moment de solitude (et mon nouvel ami s’appelle Google Traduction) et, au quotidien, on peut régulièrement me voir en train de déchiffrer péniblement un emballage alimentaire pour savoir si j’ai acheté du yaourt ou du fromage blanc, de la farine de blé multi-usage ou avec poudre levante etc., etc… Rien de grave, juste un peu de temps à perdre et des situations qu’avec un peu de recul on juge plutôt amusantes (voire même frôlant le ridicule !).

Que fais-tu dans ce nouvel endroit ?

Pour le moment, nous sommes encore dans la période d’installation ce qui me fournit des occupations passionnantes comme vider les cartons, ranger la maison et découvrir le quartier. Dans les semaines à venir, je vais me mettre au grec, question de survie et de fierté aussi, (Cf question précédente) et certainement m’investir dans des actions bénévoles. Accessoirement, étant pourvue d’enfants, je m’en occupe également !

Qu’est-ce qui te plait dans ce nouvel endroit ? Et qu’est ce tu aimes moins ?

Je suis ravie de me retrouver dans un pays au patrimoine culturel phénoménal, aux paysages magnifiques ce qui nous laisse entrevoir quelques jolis week-ends insulaires. Notre temps libre sera facilement rempli ! En revanche, nous sommes arrivés au début de l’hiver qui, certes, est doux comparativement au Canada ou à même à la France mais j’avoue que la nuit à 17h30 et le froid sont, pour la frileuse que je suis, un bémol. Mon estomac déplore par ailleurs le régime sec en terme de mangues qui coûtent un bras, tout comme je pleure devant les dattes qui flétrissent tristement dans les étals de mon supermarché ! Plus sérieusement, la situation économique en Grèce n’est pas facile pour nombre de gens et on ressent au quotidien une certaine pesanteur qui contraste fortement avec les pays dont nous venons.

Sylvie_2_Motsdicidailleurs

Est-il facile de partir en week-end ?

Oui, oui et oui. Aux beaux jours, ce seront les îles et, dans l’immédiat, nous explorons les alentours d’Athènes en voiture. Les sites ne manquent pas !

Les caractéristiques de ton nouveau pays d’accueil :

  • Le climat

4 saisons mais avec clairement une de trop, l’hiver ! Pour les autres, nous n’avons pas encore vraiment testé mais je crois que nous aurons, à la différence de Dubaï, la possibilité d’être dehors souvent et de profiter, un verre d’ouzo à la main, de la douceur/chaleur des températures 9 mois sur 12.

  • La nourriture

Les souvlakis et le gyros partagent la vedette avec la fameuse salade grecque, sans oublier de nombreux petits autres feuilletés ou friture dans lesquels le fromage frais (et souvent la feta) est rarement oublié. Tout ça est bien bon mais les tavernes (restaurants traditionnels) ne sont en général pas trop recommandées, à la longue, pour leurs effets sur le tour de taille !

  • La scolarisation 

Nous avons fait le choix du système français pour nos enfants qui vont donc au lycée français. Celui-ci présente la particularité d’avoir une section helléphone (cursus français suivi par des élèves hellénophones) et les élèves apprennent tous le grec.

  • Les vacances 

Beaucoup d’agréables perspectives dans un rayon proche, nous allons donc explorer notre région d’accueil que nous avions soigneusement évitée au cours des expatriations précédentes en nous disant, à juste titre : « lorsque nous serons en Europe, nous visiterons la Grèce » !. CQFD.

  • La conduite

les Grecs ont une conduite parfois peu académique et certains concepts clés comme le feu rouge ou le sens interdit ne sont pas exactement pris au pied de la lettre. Il faut donc être vigilant, au volant comme à pied d’ailleurs !

Décris-nous ton nouveau cadre de vie :

Partis un peu vite de Dubaï, nous sommes arrivés sans savoir où nous allions loger sur le long terme (nous avions quand même un logement temporaire, nous ne sommes pas complètement fous quand même !). En une semaine, avec les enfants qui ont beaucoup aimé participer, nous avons sélectionné les quartiers qui nous semblaient les plus agréables et enchaîné les visites pour finalement choisir la première maison visitée ! Nous sommes dans la banlieue proche d’Athènes, un peu en hauteur ce qui nous permet d’échapper à la circulation difficile du centre et ainsi, m’a-t-on dit à la chaleur et à la pollution qui nous accableront davantage aux beaux jours. J’apprécie de voir autour de moi des oliviers, des pins et des orangers qui correspondent à nos banals platanes français plantés le long des routes. Tout ce vert est bien agréable après le climat rude de la péninsule arabique !

Oranger

Oranger

Quel serait ton bilan général de cette année passée ?

Mon bilan pourrait tenir en un mot : le changement avec sa chère amie, l’adaptabilité mise à rude épreuve ! En effet, Dubaï fut un « court » séjour, tout juste 2 ans : une première année calme où l’on prend ses marques, une deuxième année nettement plus mouvementée ave un boulot prenant et la douce illusion d’une 3e année tranquille qui s’est fracassée à l’annonce de notre départ pour la Grèce ! Cependant, encore une fois, nous ressortons grandis de cette confrontation avec une culture très différente de la nôtre et c’est avec optimisme que je veux (même si parfois, comme tout le monde, j’ai des baisses de motivation) envisager notre vie en Grèce car, franchement, le soleil, la mer translucide, les colonnes doriques, les îles et la salade de poulpe, qui s’en plaindrait ?

Un grand merci à Sylvie pour ses réponses, et nous lui souhaitons bonne continuation !