L’interview de Pierre-Yves, aux Etats-Unis


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Pierre-Yves nous dit tout sur sa nouvelle vie en Californie. Sa deuxième expérience d’expatriation a été la bonne !

 

 

 

 

etats-unisDécouvrez son interview

Carte d’identité

Prénom : Pierre-Yves
Age : 50 ans
Situation personnelle : Marié, 3 enfants
Situation professionnelle : Informaticien
Pays et ville d’origine : France, Grenoble
Pays et ville d’accueil : Etats Unis, San Francisco
Type et durée du visa : L1 / 5 ans
Début de votre expatriation : juillet 2014
Partenaires d’expatriation : Toute la famille !
Motif de l’expatriation : Une nouvelle aventure, des enfants bilingues
Bloghttp://pierre-yves-monnetusa2014.blogspot.com/

 

Présentez-vous ?

Après une vie professionnelle bien remplie en France, le besoin de retravailler à l’étranger s’est fait sentir, et pourquoi ne pas partir vivre ailleurs ? Apres un an de recherche, j’ai trouvé la boite parfaite. Et puis, après six mois, j’ai rappelé que mon projet était de partir vivre un peu aux Etats Unis (ma société à une filiale à San Francisco). « Pourquoi pas ? » m’a dit mon patron « Viens, allons faire le visa de suite ». Et voila comment l’aventure est partie… Bien sur, autant ma femme était très volontaire (peut être plus que moi), autant les enfants, moins… Mais nous voila !

En fait, j’avais déjà connue une expérience d’expatriation, ici à San Francisco, mais elle avait échouée : au bout de 6 mois, j’ai voulu rentré. Aussi je savais où j’allais avec ma famille. Mais cette fois la greffe a pris.

Que faisons-nous de notre temps libre ? Voila la clé d’une expatriation : avoir des activités. Sinon, si on s’ennuie, on commence à avoir le mal du pays. Donc, nous avons des activités externes variées, faites de découvertes de l’environnement (musées, parcs naturels), de rencontres, et les activités extra scolaire des enfants. Nous avons la chance d’être dans un quartier très vivant, avec plusieurs familles, pas très éloignées (pas du tout une banlieue américaine). Par contre, j’ai mis une croix sur pas mal de mes activités grenobloise (ski, vélo, badminton), plus par fainéantise d’ailleurs.

Quelle est l’adresse de votre blog ?

Ah, mon blog ! Au début, c’était un moyen d’informer notre famille sur notre vie ici. Puis, une fois installée, ça a commencé par des articles plus précis, plus axés sur des différences, des trucs étonnants que l’on voit et vit ici. Puis on se prend à l’étude des statistiques, combien de fois un article est lu… C’est un peu adductif. On se donne des objectifs mensuels de consultation parfois… bon, j’avoue ne pas les tenir, et il se passe parfois des semaines entières (souvent deux) sans que j’y vienne. Mais j’aime bien ce moment d’écriture, je m’éclate vraiment à faire des articles rigolos (j’espère que j’y arrive), informatifs, car j’aimerais qu’à chaque article mon lecteur se disent « tiens, ca je ne le savais pas, j’ai appris un truc ». Donc, à chaque fois je fouille un peu, et du coup j’apprends aussi pas mal de détail. Je m’éclate avec ma série sur l’histoire de la Californie, si étonnante ! Je n’ai publié que deux articles, mais je suis sur la rédaction des 3 autres de la série. Bon, je n’ai pas le talent d’un Axolot.

Où vivez-vous actuellement ?

Nous vivons dans la banlieue de San Francisco, près de Berkeley. J’étais déjà venu ici en 1995, et je connaissais la baie. Je savais où je voulais habiter, et où je ne voulais pas. L’avantage ici, c’est d’une part les excellentes écoles, et l’ambiance spéciale de Berkeley (pas du tout le même que celui de la Silicon Valley). Les prix sont 4 fois moins chers qu’à San Francisco (donc avoir une surface de vie plus grande). Surtout je voulais éviter l’effet « banlieue américaine », où on est obligé de prendre la voiture pour tout. Non pas que prendre la voiture soit un problème, c’est plutôt que dans ces banlieues, avoir deux amis signifie prendre la voiture. Ici, les 2 familles que nous connaissons bien (c’est-à-dire que nos enfants sont tout le temps chez elles ou inversement) sont à 50 mètres. Et ca change tout ! De plus, nous habitons près d’une « oasis », un endroit vivant où on trouve des restaus, des magasins. Et je ne parle pas d’un Mall.

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Votre vie avant votre expatriation

Comment était votre vie dans votre pays d’origine ?

Hum, elle était bien ! Nous avions une grande maison, j’adorais manger dehors l’été ! Ici, de toute manière, il n’y a pas d’été et il fait froid à 18H. Puis on allait souvent (chaque année presque) en Italie, et on adorait ca ! L’hiver, le ski bien sur.
En complétant avec la moto, c’était une vie vraiment sympa.

On avait un chat, que nous n’avons pas emporté bien sûr (quel dépaysement pour lui) et nous ne savions pas où nous allions arriver (dans un appartement) ? Le pauvre est mort cet été, et ça a été vraiment dur pour les enfants.

Les enfants faisaient pas mal d’activités (danse, ski) et ici, ça a naturellement un peu changé. Le ski est loin et hors de prix. Seule l’aînée a voulu continuer la danse, et tant mieux coté financier ! Les autres font de nouvelles activités. C’est ça le changement ! Si c’est pour faire la même chose qu’en France, quel intérêt ?

Pour quelles raisons vous êtes vous expatrié ?

Principalement pour tenter une nouvelle façon de vivre, et pour permettre aux enfants de devenir bilingue.

Votre vie à l’étranger

Comment s’est passé votre départ ?

Nous avons pris la décision en juin 2013, et pour une transition plus simple, autant commencer la rentrée des enfants dans le nouveau pays. Donc décision a été prise de partir en juillet 2014. Ainsi, un peu de vacances, et un peu de temps pour se poser avant la rentrée.

Vu que ma société ne payaient pas tous les billets, décision a été prise d’arriver côte est pour un billet moins cher. De plus, mon cousin américain habitant Washington, il été plus simple d’arriver là : il pouvait nous héberger, puis nous aider pour les formalités pour acheter la voiture. Puis, nous traverserions tous le pays en voiture pour arriver en Californie ! Ca ferait de belles vacances.

Le choix de ce que nous allions emporter a été vite fait : vu que nous ne savions pas si nous allions arriver dans une maison, ou un appartement, il fallait prendre le minimum. Donc, nous sommes partis uniquement avec des valises de vêtement. 9 valises tout de même, pour 5.

Ensuite, les derniers mois ont été occupés par l’obtention du visa. La responsable française nous as dit que pour le visa, ce n’était pas la peine de s’y prendre trop tôt : autant attendre mi avril.

Nous avons attendu donc, et mi avril / début mai, elle a envoyé le dossier à un avocat américain. Nous étions sensé obtenir alors le visa début juin, pour un départ début juillet : nous étions donc large.

Vers la mi-mai, comme je me suis un peu inquiétait de ne pas avoir de nouvelles, aussi la responsable m’a donné le mail de l’avocat américain, que j’ai contacté immédiatement. Celui-ci me dit que nous étions dans les délais, pour septembre. « What ? Non, ce n’est pas SEPTEMBRE, c’est JUILLET ». Ah, m’a-t-il répondu, alors « on est super juste » plutôt. Il faut compter 3 à 4 mois pour un visa tout de même…

Donc, un peu de stress. Si on décale l’avion, on doit repayer les billets. Finalement, on obtient l’accord début juin, le passage à l’ambassade en urgence (car j’appelle l’ambassade américaine pour obtenir ce passage en urgence) vers le 20 juin, et les passeports en retour vers le 5 juillet… soit 8 jours avant le départ.

Large donc finalement.

Sinon, pas de surprise de dernière minute, sauf que je ne suis pas arrivé à vendre tout avant le départ : une voiture et ma moto n’étaient pas vendues à notre départ. Mais l’agence nous as trouvé des locataires pour la maison, donc nous étions rassuré de ce coté là.

Le jour du départ, lors de la correspondance à Frankfort, le premier avion étant en retard, nous avons du courir un peu pour avoir le deuxième avion. Quelques aventures jusqu’au dernier moment de notre départ du sol européen !
A part ca, nous avons plus eu l’impression de partir en vacances que de vraiment partir pour une grande expatriation !

Comment se sont passées les premières semaines sur place ?

Nous sommes venus régulièrement aux USA, donc nous n’avons pas été dépaysés. De plus, nous sommes arrivés chez nos cousins, qui viennent régulièrement en France. Bien sur, le passage à la douane a été différent : il a fallu valider le visa.

Ensuite, à chaque fois que nous venions, c’était « trop court » : cette fois, nous avions le sentiment euphorisant que nous aurions tous notre temps.

La première difficulté à été l’achat de la voiture. Non pas de la choisir, mais de pouvoir la payer ! En effet, bien que notre banque française soit aussi américaine, il n’a pas été possible d’ouvrir un compte depuis la France en un mois ! En 24 H ici, c’était fait. Mais avoir un compte est une chose, avoir de l’argent dessus une autre ! Impossible de payer la voiture avec une carte française, « we don’t trust the Europeen Card » (alors que c’est une Visa). Reste le transfert d’argent de notre compte français vers le compte américain : la procédure prend… de 5 à 7 Jours (alors que c’est la même banque !). Résultat, nous avons du faire un chèque américain en bois, et demander au vendeur (Car Max : merci à eux !) d’apporter le chèque que dans 1 semaine… Tous les jours j’appelais la banque pour avoir des nouvelles. Finalement, l’argent est arrivé sur le compte un vendredi, et le chèque le lundi suivant.

On était large là encore…

Ensuite, nous avons eu de la chance pour trouver un logement dans la baie. En effet, durant le voyage, nous avons fait une pause d’une semaine à Albuquerque, chez une autre de mes cousines. De là, j’ai commencé à chercher un logement. A la troisième demande, la personne m’a dit qu’ici, les logements partaient dans la journée : pas la peine de prendre des rendez vous pour une visite dans deux semaines. Cette personne (Servane) avait une agence, et aidait aussi les gens à trouver un logement. Nous avons fait affaire.

Le jour de notre arrivée, Servane nous appelle : elle a repéré le matin même une nouvelle location sur Albany. Nous devons venir le soir pour la voir : nous le faisons donc, et le soir même, la propriétaire nous choisi : voila une bonne chose de faite ! Une chance inouïe, surtout dans la ville qui a les meilleures écoles publiques de la baie !

Ensuite, nous avons découvert notre voisinage, et quelques français dans la même rue ! Avoir des enfants favorise les contacts bien sur.

Qu’est ce qui vous plaît dans votre vie à l’étranger ? Qu’est ce qui vous plaît moins ?

La vie ici est complètement différente. Ce qui est bien ici, c’est la simplicité, et l’ambiance « gentil » des USA. Les procédures administratives sont plus simples, passer le permis une formalité, obtenir les documents relativement aisé.

De plus, les gens sont ouverts, et on peut facilement leur parler. On ne ressent ici aucune agressivité, aucun sous entendu quand une personne vous aborde dans la rue.

Je sens que je peux aussi me balader, laisser la maison ouverte, les notions de vol ou d’attaque sont minoritaires (à part certaines zones chaudes, mais une fois qu’on les connait, tout va bien).

Enfin, je dis ça, et depuis ma voiture a été « visitée » un soir devant la maison : j’avais du la laisser ouverte. Mais on a eu de la chance, rien n’a été volé. En France, vous pouvez être cambriolé partout. Ici, dans certains quartiers, c’est très peu courants. D’ailleurs, cette année, un de mes voisins s’est fait cambrioler sa voiture qui contenaient pleins d’outils : un psychodrame total !

Le coté le plus négatif, c’est dès que l’on a un problème, style un problème administratif, personne ne vous aidera. On sent aussi le manque de « sécurité ». Ainsi, si jamais vous avez un problème de santé, cela peut tourner au drame, car tout de suite les montants en jeu sont importants. De même, il n’y a pas de sécurité dans le travail : vous pouvez être viré en 2 semaines, sans aucune protection. Le nombre de clochard que l’on croise dans la rue le rappelle sans arrêt : le pas peut être vite franchi.

Par rapport à votre pays d’origine, qu’est ce qui est mieux ? Qu’est ce qui est moins bien ?

Un truc mieux, c’est les restaurants. Ici, on peut facilement commander dans chaque restaurant pour emporter. En fait, les restaurants doivent faire la moitié de leur vente en « à emporter ». Et régulièrement, on mange à la maison des plats de tous les pays. Car ici, les restaurants sont vraiment de tous les pays ! Même français, c’est dire. Sinon, en général, on est bien mieux accueilli dans les restaurants qu’en France, et on attend moins.

Moins bien.. Comme ça, je ne trouve pas encore.

 

Quelles sont les caractéristiques de votre pays d’accueil ?

Les Etats Unis… un pays que tout le monde connait avant d’y venir, mais que personne ne connait en fait avant d’y venir. C’est toujours intéressant de confronter la réalité à l’image qu’on s’en fait avant de venir.

  • La mentalité des locaux

La mentalité des gens est ce qui surprend le plus pour nous français.

D’abord, les gens sont gentils, et ouverts. Partout, ils peuvent vous aborder pour vous dire un truc. On se prend vite au jeu !

Par exemple, une fois dans le Bart (le métro ici), je voyais une personne qui faisait des Origami. J’ai commencé à discuter avec elle ! Je lui ai dit que c’était super ce qu’elle faisait (en France, on vous regarderez en se disant « il veut quoi lui ? Il me drague là ! Marche à l’ombre »). Ici, la fille m’a remercié gentiment. Puis je lui ai demandé comment elle faisait ca, alors elle m’a montré, et j’ai eu droit a un petit cours d’Origami.

Ensuite, ici, c’est l’aventure. D’une part, tout peut être possible, il suffit juste de le faire. Tu veux faire du business ? Alors lance-toi.

Enfin, autre chose surprenante, les gens ne s’attachent pas. Ils ne développent pas de rapports trop étroits, car qui sait ? Peut êtres demain ils ne te verront plus. Nous autres français qualifions ca de « superficiel », mais en fait ce n’est que de « on se voit, demain on part chacun de son coté ». J’aime bien l’image du cowboy qui voit le soir un feu de camp. Il s’y rend, voit d’autre cowboy. Ils mangent ensembles, boivent un café, sont très amicaux. Et le matin, ils remettent leur selle sur leur cheval et chacun part de son coté : peut être ne se reverront-ils jamais.

  • Le climat

IMG_0759Le climat ici est… tiède. C’est-à-dire qu’il ne fait pas chaud en été (en général, 25-28 degré) et pas froid en été (10-15 °). Dés que la température dépasse les 90 ° Fahrenheit (soit 30°) tout le monde crie à la canicule. Et cela arrive en général 2 fois une semaine par an (et en général au printemps et à l’automne). En général, la journée est chaude au soleil, mais le fond de l’air est frais (d’où le soir, même en été, un sweater est le bienvenu).

Détail notable : ici, on trouve pas mal de Viking, qui sont en TShirt quand moi je suis en pull.

  • Le logement

Et bien, comme indiqué ci-dessus, on a eu beaucoup de chance. Ici, les locations sont très chères : pour une petite maison de 80 mètres carré, il faut compter 3000 dollars par mois. Le bail est uniquement sur un an, renouvelable. Et les locations se louent en une journée. Les propriétaires font des portes ouvertes un jour, et le soir sélectionnent le locataire. Ainsi, nous louons ici notre maison 3 fois plus chère que la nôtre en France, pour une surface 2 fois plus petite.

  • La nourriture

Ici, coté nourriture, c’est super. On mange beaucoup plus au restaurant, et beaucoup plus de plats étrangers qu’en France. Qu’est ce qui nous manque ? Hum, peut être les yaourts. Et les desserts français. Et encore, car nous avons trouvé sur Solano une pâtisserie française. La dernière fois, j’ai acheté une tarte Tatin comme en France ! Un délice.

Sinon, nous avons trouvé un fromage pour remplace le reblochon dans la tartiflette, alors tout va bien. On a aussi trouvé du Limoncello (un alcool italien) : tout va bien.

  • La scolarisation

Alors là, le grand changement. J’ai une série d’article en cours à ce sujet. Il existe des écoles françaises (en fait, des écoles privées qui ont l’agrément français), mais elles sont très cher : compter $20 000 dollars par enfant et par année. Donc, avec trois enfants, nous avons opté pour l’école publique américaine, gratuite elle. Chaque commune (on appelle ça un district) paye tout ici (les locaux, mais aussi les professeurs, et décident aussi du programme scolaire). Le choix des écoles est donc important. Chaque école a un classement, accessible sur Internet. Il existe ainsi 6000 écoles en Californie. Les écoles d’Albany sont dans les 200 premières. D’où le choix de l’emplacement, d’où le prix de la location.

Ayant dit cela, le changement est surtout à partir du collège (Middle school). Là, les classes n’existent plus, et chaque élève a son programme à la carte, adapté à son niveau. Du coup, le but est que chaque élève soit motivé, et ne soit pas en situation d’échec. Il peut ainsi suivre un cours d’une classe d’âge supérieure en math s’il est fort dans la matière, et en physique un cours de la classe d’âge inférieure.

Ensuite, le principe ici est d’être positif. On insiste sur les choses que les enfants font, et pas l’inverse. La notation est aussi différente : les élèves ont un pourcentage. Ils sont sensé obtenir 100%. S’ils sont bons, ils ont 100% (bon, certaines matières notent sur 110 %, voir 120%), mais un élève moyen doit avoir 100%. Le tout est disponible sur Internet. Ah, autre fait notable, chaque prof a un email et répond en général dans la journée. Il faut savoir que nous sommes des clients : les profs peuvent se faire virer si les parents se plaignent.

Il existe aussi des procédures spéciales pour les enfants en difficulté, j’en parlerais dans mon futur article.

  • Les vacances

A l’américaine, donc trois semaines. Plus les jours fériés « obligatoires » tel Noël, jour de l’an, 4 juillet. Les jours fériés sont à la discrétion de la société.

  • La santé

Hum, grands débats.
En fait, le système de santé est gratuit pour la base, mais est soumis au coût. Ainsi, je me réfère au film de Michaël Moore, en cas d’opération importante, c’est à la personne de payer. Et s’il ne peut pas, et bien l’opération ne se fait pas. D’où l’importance d’une assurance santé. La bonne nouvelle est que l’assurance santé est moins chère qu’en France (si je compare sur ma feuille de paie), mais naturellement on est moins couvert qu’en France. Ainsi, pour deux caries sur une de mes enfants, j’ai dû payé 550 dollars.

A part ca, nous sommes chez Kaiser. L’avantage est que tout est au même endroit (pharmacie, médecins) dans les hôpitaux de Kaiser. On peut communiquer par email. Et une fois une ordonnance faite, pour la renouveler, un mail et on reçoit les médicaments par la poste.

  • La conduite

Il n’y a pas de convention entre la France et la Californie. Les permis français ne sont donc pas reconnus en Californie (alors qu’ils le sont au Nevada, l’état à coté). Donc, il faut repasser le code, puis le permis.

Mais la procédure est plus simple qu’en France. Pour le permis, on relit le document, et on passe sur un ordinateur un QCM. Au contraire de la France, il n’y a pas de piège ou d’ambiguïté (doit-on s’arrêter au feu orange ? Et non, il y a une voiture dans le rétroviseur, donc peut être que non, il vaut mieux passer à l’orange, enfin, on ne sait pas). Donc, avec un peu de bon sens, ça passe (il ne faut pas faire plus que 5 fautes sur 40 questions). On peut aussi le passer en Français. Mais si on le fait, on écope de questions en plus. Concernant le permis, on le passe sur sa propre voiture. En fait, quand on passe le code, et que l’on a un permis étranger, il nous donne un « droit de conduire ». Le temps de passer le vrai permis.

Sinon, la conduite ici est plus cool qu’en France. Certes certains conducteurs sont vraiment surprenants… en général, ils sont asiatiques. Ici, les gens se respectent plus au volant. Ainsi, dans pas mal de carrefour, on trouve 4 stops : chacun à son stop. Le principe, on s’arrête, et on repère ceux qui sont déjà présents. On les laisse passer, puis c’est son tour.

La police (beaucoup plus présente qu’en France) a des procédures différentes. Ainsi, une voiture seule peut arrêter le trafic d’une autoroute à 5 voies.

  • Y’a-t-il de la censure ?

Non, bien sur que non !

 

  • Ce qui coûte cher dans votre pays d’accueil / ce qui ne coûte pas cher

Ce qui coûte cher ici, c’est se loger. Mais c’est local à la baie area. Dès que l’on sort de la baie, se loger est bien moins chère qu’en France. Il faut compter alors 500 ou 1000 dollars pour une maison en location.

Ce qui ne coûte pas très cher, ce sont les restaurants, la nourriture, les hôtels (pour le prix d’un Etap Hotel, ici c’est hôtel avec piscine). Et naturellement, l’essence, les voitures (un peu moins chères).

Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans les mentalités, les habitudes culturelles du pays ?

Heu, rien en fait. On adore la mentalité ici !

Avez-vous des «habitudes» ?

L’habitude que l’on a pris ici, c’est de positiver. De dire aux gens qu’on est content d’eux, de les connaitre, de les voir.

Est-il facile de partir en weekend ?

Hum, question délicate. En effet, nous sommes en Californie. Alors déjà que la côte Est est un pays jeune, la côte Ouest.. Il existe pas mal de musée que nous avons déjà visité. Nous sommes même « membre annuel » du musée des sciences de San Francisco. Rien d’exceptionnel, il s’agit surtout d’un abonnement à l’année. Car ici, les musées sont chers.

Ensuite, nous profitons des quelques ponts pour étendre le terrain de jeu, et partir à 3 ou 400 kilomètres.

Donc, je dirais que San Francisco est certainement un des endroits de la cote Est ou il y a le plus de chose, mais cela reste assez limité tout de même.

Décrivez votre cadre de vie ?

Nous avons beaucoup de chance avec notre cadre de vie, car c’est une « oasis ». Aux Etats Unis, vous avez de grandes banlieues où il n’y a que des maisons, et des « Mall » où on trouve des restaurants, des chaines de magasins. Pas piéton bien sûr. Or, nous habitons dans une banlieue « serrée » (sur 100 mètres, on va trouver 6 ou 7 maisons) près d’une rue (pas piétonne non plus il ne fait pas exagérer) où se trouve pas mal de petits restaurants, de petites boutiques. J’appelle ça des oasis.

Pouvez-vous nous raconter une anecdote ?

J’en ai plein ! Il faut visiter mon blog. Une rigolote (comme dirait Coluche), c’est quand nous avons été aux impôts, pour faire « l’identification ». Pour bénéficier d’une réduction d’impôts, il faut montrer que nos enfants vivent bien avec nous.

Nous sommes donc tous dans le petit bureau de l’officier (ici le fonctionnaire, s’appelle comme ça). Il nous indique qu’il va procéder à l’identification. Bien. Il prend le premier passeport de la pile, celui de Cheyenne, ma fille la plus jeune. Il regarde la photo, et la regarde, puis lui demande « quand es tu née ? ». Question relativement facile pour une enfant de 8 ans non ? « Je ne sais pas » répond t-elle. « Ah, vraiment pas ? Ton anniversaire, c’est plutôt en été ou en hiver ? – je sais pas ».

A ce stade, j’imagine que l’officier a un bouton sous le bureau qu’il appuie pour signaler un enlèvement d’enfant.

Vu que ma fille ne savait pas quand elle été née, ni à quelle saison, ni quel âge elle avait… j’ai décidé maintenant de prendre acte, et de ne plus lui souhaiter son anniversaire.

Heureusement, pour les deux autres filles, ça s’est bien passé.

Pouvez-vous nous raconter une journée typique ?

Notre journée typique consiste pour moi à aller prendre le BART, le métro de la baie area, pour aller au bureau. Je me rends à la station avec ma « roue électrique ». Après 40 mn de métro, me voici dans la ville, où je peux à nouveau me faire 10 mn de roue sur les quais pour rejoindre mon travail. C’est très agréable, mais je fais quand même une journée par semaine à pied, sinon je ne marche plus !

De là, le rythme américain est assez cool, et on passe pas mal de temps avec les clients avec les outils de téléconférence.

Vers midi, avec les autres français(es) du bureau, on sort s’acheter un truc dans les restaurants du coin. Ça va d’une crêpe à un Burito, un plat thaïlandais, bref, pas un vrai repas, mais on le passe en discutant.

Vers 16h30, les collègues américains commencent à repartir, et les français, plutôt 17h30 – 18H. Quand je travaille avec des australiens, ça dure plus (pour eux, c’est le début de l’après midi).

Retour par le même moyen, et repas en famille, aide aux devoirs… puis soirée série sur Netflix (en fait, on n’a que Netflix comme télé).

Pour ma femme, c’est un peu différent : elle emmène les deux petites à l’école, puis va certain jour aider la professeure de français de la Middle School, ou de l’High School. Récupération des enfants vers 14H-15H, et devoir.

Le weekend, c’est en général plus tranquille, avec les enfants qu’il faut emmener à leurs activités. Et il y a pas mal d’échanges avec les autres enfants des voisins.
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Votre adaptation

Votre intégration a-t-elle été facile ?

En fait, étonnement bien. Notre maison, les 2 familles qui sont juste à coté de notre maison (une franco-américaine, une américaine) nous as bien facilité les choses. De plus, l’école a été un puissant facteur d’intégration, avec les autres familles que nous avons rencontré ainsi. C’est bien de connaitre des familles américaines, car d’une part cela fait pratiquer la langue, et d’autre part cela permet de connaitre toutes les coutumes locales.

Ensuite, nous connaissons aussi d’autres familles françaises d’expatrié que nous voyons régulièrement.

 

Votre lien avec votre pays d’origine

Face à quelle mentalité/habitude/défaut de votre pays d’origine êtes-vous plus clément, avec le recul d’habiter à l’étranger ?

Hum, question intéressante. En fait, je ne vois pas ce que je pourrais répondre à cette question. En fait, nous nous sentons complètement détaché de notre vie d’avant, comme en train de vivre encore en France, ou au contraire, de ne jamais y avoir vécu. Nous suivons l’actualité française au travers du journal Le Monde, aussi avons-nous l’impression de toujours y être ?
Par contre, c’est plutôt l’inverse : le pessimisme français m’énervais déjà avant de partir, maintenant je reprends souvent mes compatriotes.
« Tu trouve ça comment ? »
« Pas mal »
Alors là je laisse plus passer.
« Non attends, c’était ‘nul’ ou ‘bien’ ? »
« Ben, plutôt bien ».
«  Tu peux pas dire Super Bien ? Pas Mal : c’est deux négations ! »

A quelle fréquence rentrez vous dans votre pays d’origine ?

En fait, on n’y rentre plus.

Si, pour le travail, j’y suis retourné en Janvier, un an ½ après notre départ. Le reste de la famille est resté ici.

Avez vous des contacts réguliers avec votre entourage resté dans votre pays d’origine?

Oui nous avons des contacts très réguliers. En fait, nous voyons toujours et communiquons très régulièrement. Ils viennent aussi nous voir, alors non, pas de mal du pays, aucun.

Avez vous prévu de revenir vivre dans votre pays d’origine un jour ? Pourquoi ?

Oui, sans doute, d’une part pour l’université des enfants (bien trop chère ici, nous n’aurons pas les moyens et si elles y vont ici, seront endettées pour leur début de vie professionnelle : elles seront alors bloquées aux US).

Ensuite, pour notre retraite, nous ne pouvons pas non plus rester trop longtemps et en tout cas nous ne pourrons pas prendre notre retraite aux USA. Imaginons une retraite de 2000 euro par mois (déjà, je rêve). En France, avec la maison payée, on peut vivre et bien vivre. Ici, ça ne couvre même pas un loyer d’un appartement.

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Conclusion

Avez vous évolué ou grandit depuis votre départ ?

C’est dur à dire. J’ai certainement évolué. Ma mentalité aussi. Ce qui y bien ici, c’est la remise en cause constante. Il me faut toujours faire des efforts pour comprendre les gens, et me faire comprendre d’eux : c’est extrêmement intéressant ! J’adore me dire « allez, tiens lui je vais lui parler ».

Je pense aussi que je suis plus positif.

Pour les enfants, c’est clair qu’eux ont maintenant beaucoup plus confiance en eux. Ils font des trucs incroyables dans leur scolarité : ainsi, ma fille a demandé à faire cours, et bien la professeure lui a laissé animer une heure de cours entier !

Avez-vous des conseils pour les futurs-expatriés ?

Il faut sortir de sa zone de confort, sortir de sa routine, allez voir ailleurs. Pour l’expérience. Pour le Fun. Attention, ce n’est pas simple : ma première expatriation ne s’est pas bien passée, et au bout de six mois je suis rentré. En famille c’est plus simple car on peut s’appuyer sur les autres. C’est aussi plus compliqué si un des membres reste à la maison.

Il faut donc prévoir son expatriation, et son retour en cas de mal vivre. Et dans ce cas là, il ne faut pas le vivre comme un échec, mais comme une expérience : « j’ai fait, ça ne m’a pas plus, je rentre ».

Il faut aussi se donner des étapes, ou on peut faire le choix : au bout de 6 mois, je décide.

Enfin, naturellement, si on se fait des amis, c’est le bon ticket, surtout aux Etats Unis ou les gens ne s’engagent pas émotivement.

Après, chacun son expérience.

Comment vous voyez vous dans le futur ?

En fait, je ne sais pas. Pour le moment, on vit là et on est très heureux. On planifie la venue de nos prochains amis, notre prochain voyage. On ne voit pas au delà de 6 mois !

Dans quel coin du monde rêvez vous de vivre ?

En Italie. Voilà, quand je retourne en Europe, j’aimerais vivre là.

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Retrouvez Pierre-Yves sur son blog

Le blog de Pierre-Yves : http://pierre-yves-monnetusa2014.blogspot.com/

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Remerciements

Merci à Pierre-Yves d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions et d’avoir partagé avec nous sa vie en Californie !

Vous avez des questions ?

Si vous souhaitez poser des questions à Pierre-Yves sur son interview, n’hésitez pas à lui laisser des commentaires sous cet article. Il se fera un plaisir d’y répondre !

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