L’interview de Simon, à Madagascar


Simon, nous raconte sa vie à Madagascar et son expérience professionnelle de créateur d’entreprises en Afrique.

 

 

 

 

 

 

Découvrez son interview

Carte d’identité

Prénom : Simon
Age : 36 ans
Situation personnelle : fiancé
Situation professionnelle : gérant
Pays et ville d’origine : France, Paris
Pays et ville d’accueil : Madagascar / Antananarivo
Type et durée du visa : Visa investisseur de 5 ans
Date de début de l’expatriation : 2011
Motif de l’expatriation : Professionnel
Projets d’investissement : Créations d’entreprises en Afrique
Blog : https://stileex.xyz

Présentez-vous ?

Je m’appelle Simon, je suis Français expatrié à Madagascar depuis fin 2011. Je vis actuellement en couple avec une malgache à Antananarivo, la capitale de la Grande Île. Le plus clair de mon temps, je gère ma société, Openflex, qui est éditeur d’une solution logicielle de gestion d’entreprise (ERP). Durant mon temps libre, je pratique le kick boxing et je lis pas mal de livres sur le management, le marketing, la vente et le développement personnel.

Quelle est l’adresse de votre blog ?

Vous pourrez parcourir mon blog à l’adresse suivante : https://stileex.xyz
J’ai décidé de créer mon blog il y a presque 3 ans pour y partager mes expériences et mes connaissances avec d’autres entrepreneurs en herbe. Aujourd’hui ce blog me permet surtout de rencontrer des gens à travers le monde.

Où vivez-vous actuellement ?

Actuellement je réside à Antananarivo, la capitale de Madagascar. Je suis venu dans ce pays en fin 2011 pour y créer une société de gestion de sites web. Je ne sais pas quand je quitterai ce pays, mais ce n’est pas pour bientôt car mes activités s’y portent bien. Ce n’est pas la première fois que j’habite à l’étranger. Je me suis d’abord expatrié à Prague, capitale de la République tchèque il y a environ 10 ans.

 

 

Votre vie avant votre expatriation

Pour quelles raisons vous êtes vous expatrié ?

En France j’avais connu des hauts et des bas. J’y avais créé ma première entreprise à l’âge de 24 ans. Ce fut un échec et j’ai vécu une période très difficile de ma vie. Mais la vie suit sont cours, et j’ai occupé plusieurs postes de salarié dans le métier de la vente. J’avais une vie assez classique d’employé de la classe moyenne. Travail, sorties en boîte, jeux en ligne, rencontres, etc. Rien de bien original, mais une vie confortable et sans problème.

Pour quelles raisons vous êtes vous expatrié ?

Je me suis expatrié à Prague pour réaliser un vieux rêve, celui de découvrir l’Europe de l’Est. Je voulais aussi me remettre à mon compte. Or à cette époque je voulais développer mes activités sur Internet, donc je pouvais très bien vivre en dehors de France. J’ai donc choisi Prague. Je m’apprêtais à arriver dans une ville austère de type ancien bloc communiste, mais quelle bonne surprise lorsque j’ai découvert un pays moderne, beau, propre, bien organisé et très sûr.

C’était une vie tellement tranquille que je m’en suis lassé et je voulais alors une vraie aventure. C’est pour cela que fin 2011, je me suis envolé pour Madagascar. 12000 km de l’Europe, ça donne déjà des frissons 🙂

 

Votre vie à l’étranger

Comment s’est passé votre départ ?

Avant de partir, j’avais tout planifié au jour près. Je disposerai d’un visa touriste de 3 mois pendant lesquels je devais absolument créer une entreprise pour pouvoir ensuite demander un visa investisseur (ce qui d’ailleurs est une procédure assez étrange). Bref, je prépare méthodiquement chacune des étape que je devais suivre et je note soigneusement dans un cahier toutes les adresses auxquelles je devais me rendre : CCI, EDBM, etc.

Je ne pouvais emporter avec moi que 23 kg de bagage. J’ai donc pris ce qu’à l’époque je pensais être le plus important : des vêtements, des médicaments et des produits anti-moustiques.

Mais rien ne s’est passé comme prévu à mon arrivée. Déjà pour commencer, ici à Madagascar on ne repère pas les lieux par les adresses… J’ai donc dû apprendre sur le tas tous les us et coutumes de ce pays pour pouvoir m’en sortir.

Comment se sont passées les premières semaines sur place ?

La première (très) grande difficulté que j’ai eu à surmonter a été la maladie : j’ai eu une tourista de la mort ! Pendant une semaine je ne pouvais plus rien avaler, même pas de l’eau. Je vomissais immédiatement, et je faisais des aller retour entre mon lit et les toilettes toutes les 30 minutes. C’était infernal. Si je n’étais pas arrivé en bonne santé dans la force de l’âge, je suis sûr qu’il y aurait eu des raisons de s’inquiéter pour ma vie.

Sinon, une fois remis, il a été assez facile de « s’intégrer », les malgaches sont sympas et n’hésitent pas à vous aider. Le fait que tout le monde parle français m’a bien sûr été d’une grande aide.

Qu’est ce qui vous plaît dans votre vie à l’étranger ? Qu’est ce qui vous plaît moins ?

Ce qui me plaît le plus dans ma vie à Madagascar est ce sentiment d’aventure. Tout est à faire et tout est possible. Seules l’imagination et la volonté seront vos limites !

Ce qui me plaît le moins c’est la pollution de la ville. Les véhicules sont anciens et émettent beaucoup de gaz nocifs. Les embouteillages n’arrangent rien. Je crois que ce sera d’ailleurs ma raison principale de quitter cette ville.

Par rapport à votre pays d’origine, qu’est ce qui est mieux ? Qu’est ce qui est moins bien ?

Il faut bien comprendre qu’en arrivant à Madagascar, il faut tout oublier de la France. Les règles du jeu, sur tous les plans, sont différents. A tel point que je pense qu’il n’est pas possible de comparer les deux pays. Penser comme un européen à Madagascar c’est comme essayé de faire rentrer un carré dans un cercle.

Les caractéristiques de votre pays d’accueil

  • La mentalité des gens

Les gens sont très accueillants et vous aident volontiers. Je n’ai jamais eu de problème avec qui que ce soit. Ici on appelle les européens et les américains des « vazahas ». Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas un terme péjoratif. Bien que j’ai déjà entendu une ou deux remarques xénophobes, je peux dire qu’il n’y a pas de racisme envers les français. Il faut juste faire attention à ceux qui vous voient comme un porte-monnaie ambulant, mais on les repère assez facilement.

  • Le climat

Le climat est chaud et humide en été, et frais et sec en hiver (hiver austral). Un climat typiquement tropical. La particularité à Antananarivo est qu’on est situé en altitude, donc il fait plus frais et l’été est largement supportable, l’hiver est plutôt froid.

  • Le logement

Pour trouver un logement à Madagascar ? C’est simple : il te suffit d’avoir l’argent.

  • La nourriture

La nourriture ici n’est pas trop de mon goût. Je suis plutôt habitué aux plats français. Mais on s’y fait et puis il y a de nombreux restaurants de cuisine variée ici. Ce qui me manque le plus c’est le saumon frais… Il n’y en a tout simplement pas.

  • Le système de santé

Pour bien se faire soigner à Madagascar ? C’est simple : il te suffit d’avoir l’argent. Alors je réponds sur le ton de la légèreté mais des fois les situations sont assez déroutantes : on a déjà vu des gens mourir à l’entrée des urgences car ils n’avaient pas de quoi payer…

  • Le permis de conduire

On peut assez facilement convertir un permis français en permis malgache, cela ne pose aucun problème et est peu coûteux. Cependant il faudra revoir vos habitudes de conduite et vous faire à la circulation chaotique et dangereuse du pays.

  • Y’a-t-il de la censure ?

Il n’y a pas de censure à proprement parler, cependant le pouvoir veille à ce qui se dit dans les journaux et sur Internet ne soit pas infondé, auquel cas les auteurs sont généralement arrêtés et condamné pour propos diffamatoires, etc.

  • Ce qui coûte cher / ce qui ne coûte pas cher

Bien sûr, dans un pays comme Madagascar, ce qui ne coûte pas cher c’est la nourriture et les logements. En général, tous les produits de première nécessité. Par contre, pour tous les produits de luxe et high-tech, il vous faudra avoir une poche bien garnie.

 

Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans les mentalités, les habitudes culturelles du pays ?

On ne peut pas dire qu’il existe un « racisme » à Madagascar. Cependant, les ethnies sont très cloisonnées et les médias n’hésitent pas à mettre en avant l’origine des personnes mis en cause dans leurs articles. Par exemple, il n’est pas rare de lire dans la presse des titres comme « un chinois prend illégalement possession d’une mine en province » ou encore « un kanara (indo-pakistanais) expulse 100 habitants de leur terrain ». C’est assez choquant je trouve.

Est-il facile de partir en weekend ?

A Antananarivo, il n’y a pas beaucoup d’activités culturelles. Je pense qu’on peut passer d’excellentes vacances dans des villes de province comme Nosy be ou Diego, mais je n’y suis jamais encore allé. C’est difficile et chronophage de se rendre dans ces villes à cause de l’état des route, de plus il ne faut pas rouler de nuit à cause des attaques des bandits de grands chemins. Il reste l’option de l’avion mais très coûteux (aussi coûteux que d’aller aux Seychelles ou à Maurice…).

 

Votre adaptation

 

Voyez vous / côtoyez vous d’autres personnes de votre pays d’origine sur place ?

Il y a une grande communauté française à Madagascar, c’est d’ailleurs le pays de l’hémisphère sud qui accueille le plus d’expatrié français sur son sol. Je côtoie des Français, certains sont des amis, d’autres sont des partenaires d’affaire.

Connaissez-vous la langue du pays ? Avez-vous pris des cours ?

J’ai effectivement pris des cours de malgache, mais malheureusement je ne le parle pas encore couramment. Assez étrangement, je trouve que le malgache est une langue plus difficile à maîtriser qu’une langue slave comme le tchèque (avec laquelle je suis en mesure de tenir une conversation simple).

 

Votre lien avec votre pays d’origine

Vu d’aussi loin, êtes-vous plus clément vis-à-vis des défauts de votre pays d’origine ?

Je me rends compte qu’en France on se plaint beaucoup… Il faudra que chaque Français fasse un stage dans un pays comme Madagascar pour prendre conscience de tout ce qu’ils ont…

A quelle fréquence rentrez vous dans votre pays d’origine ?

Je retourne en Europe environ tous les deux ans.

Avez-vous des contacts réguliers avec votre entourage resté en France ?

J’entretiens des relations avec mes amis européens par email ou par Facebook. Certains travaillent même avec moi sur la vente de notre logiciel.

Avez vous prévu de revenir vivre dans votre pays d’origine un jour ?

Je n’ai l’intention de revenir vivre en France. J’ai découvert des pays bien plus agréable comme la République tchèque ou Maurice.

 

Conclusion

Avez-vous évolué ou changé de mentalité depuis votre départ ?

Mon incursion a Madagascar m’a avant tout permis de connaître mes limites physiques et psychologiques. Je suis passé par des périodes extrêmement difficiles, tant physiques que morales. J’ai également largement amélioré mes compétences managériales et en gestion d’entreprise. J’ai également moins peur de l’avenir car je sais qu’on peut s’en sortir quoi qu’il se passe.

Avez-vous des conseils pour les futurs expatriés ?

Oui : en arrivant à Madagascar, oubliez vos standards français, ici ça ne se passe pas de la même manière. Acceptez les règles du jeu ou vous repartirez avec un goût d’amertume.

Comment vous voyez vous dans le futur ?

Je serai le N°1 du logiciel ERP Cloud en Afrique avec Openflex.

Où aimeriez vous vivre une fois que vous serez à la retraite ?

En République tchèque ou à Maurice.

 

Retrouvez Simon sur Internet

Le blog de Simon : https://stileex.xyz

Remerciements

Merci à Simon d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions et d’avoir partagé avec nous sa vie malgache !

Vous avez des questions ?

Si vous souhaitez poser des questions à Simon sur son interview, n’hésitez pas à lui laisser des commentaires sous cet article. Il se fera un plaisir d’y répondre !

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