L’interview de Sabine, aux Etats-Unis


Downtown BR, OSC, MS River

Sabine vit en Louisiane après avoir vécu quelques années en Californie. Elle nous parle de son expérience de vie aux Etats-Unis !

 

 

 

 

 

etats-unis

Découvrez son interview

Carte d’identité

Prénom : Sabine
Age : 31 ans
Situation personnelle : Célibataire, sans enfant
Situation professionnelle : Urbaniste
Pays et ville d’origine : France, Paris
Pays et ville d’accueil : USA, Sacramento puis Baton Rouge
Type et durée du visa : Green Card permanente
Date de début de l’expatriation : Fevrier 2009
Motif de l’expatriation : pour vivre avec mon copain americain de l’epoque
Blog http://frenchyauxetatsunis.blogspot.com/

Présentez-vous ?

Je suis originaire de la région parisienne. J’ai grandit et fait mes études la-bas, puis j’ai commencé à faire de nombreux allers-retours entre Paris et la Californie après y avoir rencontrer quelqu’un. Quelques années plus tard, me voila installée en Louisiane. Je suis urbaniste, et en désarroi constant face aux dysfonctionnement de la ville a l’américaine ! Mais on y travaille !

Quelle est l’adresse de votre blog ?

J’ai commencé à écrire mon blog http://frenchyauxetatsunis.blogspot.com/ en 2013, après déjà 4 ans passes aux Etats-unis. D’une part j’avais envie de partager ma vie de tous les jours avec ma famille et leur expliquer les différences culturelles qu’il y a entre nos deux pays. Et puis en réalisant que je commençais à devenir très très américanisée, j’avais aussi envie de commencer à décrire mes expériences de française en Amérique, avant que tout ne me paraisse complètement normal… Alors maintenant j’ai presque 5 ans d’histoires et photos à partager. Je suis loin d’avoir fait le tour… c’est un bon passe temps, et puis ça me fait du bien d’écrire en français de temps en temps vu que tout mon quotidien se fait en anglais.

Où vivez-vous actuellement ?

J’ai d’abord vécu à côté de Sacramento dans le nord de la Californie. J’y avais rejoins mon copain americain, que j’avais rencontre deux ans et demi plus tot pendant mon premier voyage aux US. Maintenant divorcee, je vis a Baton Rouge en Louisiane. J’y ai accepte un nouveau job il y a presque 2 ans. Etant residente permanente, ici c’est mon chez moi maintenant.

Votre vie avant votre expatriation

Comment était votre vie dans votre pays d’origine ?

Je sortais de la fac, j’habitais chez mes parents, je cherchais du boulot, sans succès, et faisais d’autres jobs sans intérêt. Après avoir eu mon diplôme j’ai décidé de prendre quelques mois de vacances avant de commencer à travailler. J’aime les voyages, partir à l’aventure. J’ai fait mon sac à dos et suis partie deux mois aux Etats-Unis seule. J’avais quelques contacts la-bas prêts à m’héberger.

Pour quelles raisons vous êtes vous expatrié ?

Désir d’aventure. Avant même d’avoir rencontré un étranger j’avais déjà en tête l’idée de vivre dans un autre pays pour juste quelques années. J’avais en tête l’Australie ou les Etats-Unis, pour l’anglais, la distance (l’Angleterre c’était pas assez loin…), la culture très différente, ce que j’en voyais à la télé en tous cas, et puis pour le soleil. Alors quand l’occasion s’est présentée, j’ai pris la décision assez facilement.

Votre vie à l’étranger

Comment s’est passé votre départ ?

J’ai fait deux valises de vêtements avec quelques CD, bouquins et babioles et suis partie. Après déjà plusieurs aller-retours entre la France et la Californie, cette fois le plus dur c’était de ne pas savoir quand j’allais revenir…

Comment se sont passées les premières semaines sur place ?

Comme j’étais en couple avec un américain, je n’ai pas eu à me soucier de l’hébergement. J’ai rencontré sa famille, ses amis, donc j’ai tissé des relations petit à petit facilement. J’étais la Frenchy du groupe, tout le monde trouvait ça mignon, bref, c’était plutôt très agréable.

Qu’est-ce qui vous plait dans votre vie à l’étranger ? Qu’est-ce qui vous plait moins ?

Etre d’une culture différente que les autres me plait. J’aime parler anglais. J’aime que les américains soient si abordables et agréables.
Ce qui me plait moins c’est bien sur être loin de ma famille et de ne pas pouvoir partager plus de temps avec mes parents et mes sœurs.

Par rapport à votre pays d’origine, qu’est-ce qui est mieux, qu’est-ce qui est moins bien ?

Ce qui est moins bien : la qualité de la nourriture, l’absence de sécurité sociale universelle, les deux semaines de vacances annuelles.
Ce qui est mieux : les commerces ouverts tard le soir et le dimanche, les relations plus spontanées, moins de criticisme et de jugement, la météo !!

Downtown

Downtown

 

Les caractéristiques de votre pays d’accueil

  • La mentalité des locaux

Les gens sont courtois, optimistes, généreux, spontanés et pas prétentieux. Bref, je trouve le contact avec les gens plus agréable. Les gens paraissent plus décontractés, moins hautains qu’en France et plus abordables.

  • Le climat

En Louisiane il fait chaud et humide. Même s’il y a souvent des nuages il fait toujours lourd. Les hivers sont courts et pas trop trop froids. A Sacramento, c’était chaud et sec. Très différent, j’aimais beaucoup.

  • Le logement

Quand je suis arrivée la première fois en Californie je n’ai pas eu à me soucier seule de ça comme j’étais en couple avec un local. Quand je suis arrivée seule en Louisiane, je ne connaissais pas la ville, j’ai recherché un endroit à louer en faisant le tour des quartiers en voiture à la recherche de pancartes « For Rent ». Ca m’a donné une meilleure idee des quartiers qui me plaisaient. Et puis en même temps je regardais les petites annonces en ligne sur Craigslist. J’avais pas du tout envie d’habiter dans un complex d’appartments. Finalement un matin je suis tombée sur une annonce et ai reconnu la petite maison devant laquelle j’étais passée par hasard quelques jours plus tôt. J’ai appelé direct car je savais que ça allait partir vite. La proprio m’a proposé de venir après le travail à 17h. J’ai insisté pour venir à ma pause déjeuner. Elle m’a montré l’intérieur, on a papoté pendant une bonne demi heure et à la fin c’était déjà presque décidé que ça serait pour moi. On était déjà presque devenues copines. Je suis revenue à 17h pour rendre le contrat signé et c’était fait. Très facile donc. Mais il a fallu être réactive.

  • La nourriture

J’adore les huîtres gratinées au grill, les jalapeno poppers (piments moyennement épicés frits et fourré au cream cheese), les gros rolls des restaurants japonais (exit l’ennuyeux California Roll), les bons cheesecakes, la soupe de tortue, l’étouffée d’écrevisses, les quesadillas, les mac and cheese maison, les oreo cookie milkshakes, les buffalo wings, les œufs benedictes (muffins aux oeufs poches et au bacon, avec une sauce hollandaise dessus), etc..

Je n’aime pas les sponge cake (génoises) couverts de glacage, toujours les mêmes à toutes les occasions. A croire qu’ils sont pas foutu de faire d’autres gâteaux que ça ! Leurs gâteaux secs sont la plupart du temps de bien moindre qualité qu’en France. Ici je n’en mange même plus d’ailleurs. La diversité de fromage me manque, mais surtout le bon pain. Et les patés/rillettes. Et les viennoiseries. Le reste, je peux le cuisiner si j’ai envie.

  • Les vacances

12 jours + jours fériés

  • La santé

Mon employeur paye une partie de mon assurance maladie. J’avais le choix entre deux systèmes :

  • Le High Deductible Plan : je paye de ma poche 55 dollars par mois (mon employeur en paye 280), mais quand j’ai besoin de soin, je dois payer plein pot jusqu’à que j’ai dépenser 2000 dollars dans l’année, avant que mon assurance ne couvre le reste, sauf pour les visites de routine annuelles chez le docteur, qui restent gratuites.
  • Si j’avais choisi le HMO Plan : je paierai 125 dollars par mois (mon employeur en payerait 280 aussi), mais le deductible annuel aurait été de 500 dollars au lieu de 2000. Les visites de routines sont aussi gratuites, mais tu ne paies pas plein pot pour le reste. Tu dois quand même payer pour chaque type de soin mais les coûts sont fixes et bien moindre que le coût réel (25 dollars pour le médecin par exemple, 35 pour un spécialiste, 100 dollars pour l’ambulance, etc…)

Bref, dans les deux cas c’est une arnaque complète. Alors quand tu es jeune, célibataire et en bonne sante tu choisi souvent le High Deductible et tu espère ne pas te casser la jambe dans l’année. Auquel cas tu perdras 2000 dollars, mais au moins tu éviteras la facture à 5 chiffres.

  • La conduite

Les Louisianais sont connus pour être les pires conducteurs de tous les Etats-Unis… Déjà que j’étais pas impressionnée par la conduite des Californiens, mais ici c’est du grand n’importe quoi. Le taux d’accidents et de conducteurs non assurés atteint des records, et du coup les prix des assurances sont exorbitants! Pour info, téléphoner au volant n’est toujours pas illégal dans cet Etat…

Quand je suis arrivée aux US (en Californie), je n’avais que mon permis français, et je n’ai jamais eu a passer la conduite pour avoir mon permis. Me demandez pas si c’est normal ! J’ai juste passé le code (genre 30 questions à choix multiples, super facile).

  • Y’a-t-il de la censure ?

Non, pas du tout, pour le meilleur et pour le pire.

  • Ce qui coûte cher / ce qui ne coûte pas très cher

Ce qui coûte cher : l’abonnement téléphone portable, internet, le pain, le fromage, le vin

Ce qui coûte pas cher : les vêtements, l’essence, les manucures/pédicures, électronique.

  • Est-il facile d’emprunter ?

Ça n’a pas été évident quand j’ai du faire mon premier emprunt pour acheter ma voiture. Pas assez de « Credit history ». Mais maintenant j’ai plutôt des offres de cartes de crédit a tout va, donc j’ai passé le cap. Le principe des cartes de crédits c’est de pouvoir prouver à sa banque qu’on est capable d’acheter à crédit et de rembourser tous les mois. Plus vous avez d’expérience en la matière, plus les taux d’intérêt qui vous seront proposés pour un emprunt seront intéressants, et plus vous aurez de créditeurs vous proposant de vous prêter de l’argent.

Downtown

Downtown

Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans les mentalités, les habitudes culturelles du pays ?

De manière générale, la malbouffe, le manque de culture et de sens critique. Et plus particulièrement en Louisiane : la place de la religion et le fait qu’on a 20 ans de retard sur à peu près tous les sujets imaginables.

Avez-vous des «habitudes» ?

Quand je mange du fromage, c’est souvent sur des crackers en apéro… Je ne bois pas du vin que pendant un repas, mais aussi avant ou après. La majorité du temps je ne prépare pas d’entrée, je passe directement au plat chaud.

J’ai garde l’habitude de tout critiquer. On me l’a fait remarqué plusieurs fois… Je fait toujours attention à ce que je consomme, tant au niveau des achats, de la consommation d’eau/électricité ou des déchets, bien que ce ne soit pas la priorité de beaucoup de gens par ici.

Est-il facile de partir en weekend ?

Oui, et comme on a pas beaucoup de vacances, on mise plus sur les week-end. Les américains conduisent plus souvent sur de longues distances, même pour des voyages de très courtes durée. Jamais il me serait venu l’idée en France de conduire cinq heures juste pour 2-3 jours. Ici, ça se fait tout le temps.

Aux alentours, les principales attractions sont la Nouvelle Orléans, les plantations, les bayous, le pays cajun, tous ça dans un rayon d’environ une heure.

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Votre adaptation

Votre intégration a-t-elle été facile ?

J’étais contente d’être là, tout le monde m’adorait, je faisais comme partie de ma belle-famille. Mon cercle d’amis était uniquement américain, principalement des amis de mon copain dans un premier temps. Puis avec le temps je me suis fait les miens. Je n’ai jamais essayé de me rapprocher de français. Pour moi ça n’avait pas vraiment d’intérêt. J’avais simplement l’envie de m’integrer donc c’est venu tout seul, la langue aussi, très vite, puisque je ne parlais jamais français.

Avez vous rencontré facilement les « gens du pays » ?

Oui je n’ai fait que ça. Le fait d’être seule française ne m’a pas trop donné le choix.

Voyez vous / côtoyez vous d’autres personnes de votre pays d’origine sur place ?

Pas vraiment. A part en ce moment un couple de français qui est à Bâton Rouge pour un an dans le cadre d’un Doctorat. Je les ai rencontré uniquement parce qu’ils sont amis avec le copain de ma sœur en France ! Sans ça mon entourage est 100% américain.

Vous êtes vous facilement adaptés à votre nouveau pays ?

Oui, mais je suis toujours bien française !

Connaissez-vous la langue du pays ?

Oui, tous mes amis et collègues sont américains. Je n’ai jamais pris de cours après le lycée. Tout est venu au fil des années.

 

Votre lien avec votre pays d’origine

Face à quelle mentalité/habitude/défaut de votre pays d’origine êtes-vous plus clément, avec le recul d’habiter à l’étranger ?

Leurs habitudes à faire la grève… Forcément d’une part parce que je n’ai plus à prendre les transports en commun, mais surtout parce que je trouve que les américains devraient râler plus !

A quelle fréquence rentrez vous dans votre pays d’origine ?

Les trois premières années je ne suis pas revenue du tout. Maintenant, j’essaye de revenir une fois par an.

Avez vous des contacts réguliers avec votre entourage resté dans votre pays d’origine ?

Oui, la famille me manque, mais je m’y suis habituée. On utilise Skype avec mes parents plus ou moins une fois par mois. Je garde contact avec tous les autres surtout par Facebook.

Avez vous prévu de revenir vivre dans votre pays d’origine un jour ?

Je ne sais pas. Oui j’y pense, mais c’est dur à dire maintenant. On dit que la plupart des expat’ restent maximum 5 ans. Je viens de passer ce cap et je suis consciente que ca va être de plus en plus dur d’envisager un retour. Techniquement je n’ai aucune expérience professionnelle dans mon domaine en France, alors je ne m’attends pas à ce qu’on m’accueille avec les bras ouverts… Malheureusement. Et puis j’aime mon boulot ici, mes amis, ma vie sociale, mon cadre de vie. Je suis épanouie comme ça et ne ressens pas le besoin d’être en France. Mais la famille manque.

Fourth Street

Fourth Street

Conclusion

Avez vous évolué ou grandit depuis votre départ ?

Oui, ça ouvre considérablement l’esprit de vivre une autre culture. Je comprends plus de choses. Je me comprend moi-même mieux aussi, car être étrangère force à la rétrospection. Il y a des aspects de ma propre culture dont je n’avais pas conscience avant car tout le monde les partageait avec moi. Je suis plus fière d’être française que jamais.

Avez-vous des conseils pour les futurs-expatriés ?

Foncez si vous êtes assez costauds pour supporter la distance avec vos proches. Mais gardez en tête que ça sera sûrement plus dur que vous ne le pensiez de revenir en vacances régulièrement et que les gens ne viennent pas forcément vous rendre visite aussi souvent que vous l’imaginiez non plus !

Indian Mounds

Indian Mounds

Retrouvez Sabine sur son blog

Le blog de Sabine : http://frenchyauxetatsunis.blogspot.com/

frenchyauxetats-unis

 

Remerciements

Merci à Sabine d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions et d’avoir partagé avec nous sa vie américaine !

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