L’interview de Gracianne, au Mexique

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Gracianne, écrivaine originaire du Sud Ouest de la France, s’est installée avec son compagnon non loin du village indigène au Mexique.

 

 

 

 

mexiqueOù est-ce ?

Cette photo a été prise au Mexique, dans une jungle.

 

Découvrez son interview

Carte d’identité

Prénom: Gracianne
Age : 45 ans
Situation personnelle : En couple, sans enfant
Situation professionnelle : Écrivain, journaliste
Pays et ville d’origine : France, Oloron Sainte-Marie
Pays et ville d’accueil : Mexique, Pochutla
Partenaires d’expatriation : Mon compagnon
Type et durée du visa : Résident FM3 et attente pour naturalisation
Blog : www.graciannemexique.com

Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Gracianne Hastoy, je suis un écrivain, né à Oloron Sainte-Marie, dans les Pyrénées-Atlantiques, et vivant jusqu’à présent entre le Mexique et Guéthary, au Pays basque. En passe de m’installer définitivement au Mexique. Je suis en couple, mais célibataire et sans enfant (hormis les deux que je « parraine » et aime au Mexique). Je travaille toujours pour des supports de presse français, mais surtout j’écris mes romans. J’ai abandonné les sujets basques, au profit de sujets inspirés de ma vie mexicaine (« Squelettes en Sucre », éd. Seguier), ou d’autres romans écrits sous pseudonyme. Mon temps libre, j’aime le passer à visiter de nouveaux endroits, à voyager, et surtout à LIRE.

Quelle est l’adresse de votre blog ?

Mon blog est : www.graciannemexique.com

Au début, je le tenais juste pour donner des nouvelles à ma famille et mes amis quand j’étais là-bas, mais il a été remarqué et apprécié, donc je l’ai quelque peu « professionnalisé » et j’y présente maintenant des sujets de découverte touristique du Mexique. Il connaît vraiment un succès qui me dépasse un peu (énormément de lecteurs mexicains alors qu’il est rédigé en français), je crois que c’est dû aux photos. Pour l’instant, ce blog est important pour moi, il m’oblige à me « bouger » et à ne pas rester sur mes lauriers par rapport au Mexique, il m’empêche de « m’encroûter », rires !

Où vivez-vous actuellement ?

Je vis non loin du village indigène de Pochutla, dans la province d’Oaxaca. Je suis au départ partie au Mexique en simple touriste. J’aimais déjà le pays pour sa culture, ses peintres, ses écrivains, son histoire. Quand je suis arrivée là-bas, le coup de foudre s’est transformé en exigence de vie sur place. Je souffrais à chaque départ. Oui, c’est la première fois que je « vis » à l’étranger, même si mon enfance passée à côté de la frontière espagnole m’a toujours fait exister de façon mixte.

Comment était votre vie dans votre pays d’origine ?

Ma vie « française » était « agitée ». Une situation professionnelle accaparante (j’ai exercé dans la presse, mais aussi comme « nègre » littéraire, ce que je n’appréciais pas beaucoup), une maison, une voiture, des animaux, et une vie de famille dense. Mais en 2012, avec la perte en quelques mois de mon frère, de ma meilleure amie et de ma mère, tout a basculé. J’ai senti le besoin de partir, vite, de fuir tous ces malheurs…

Pour quelle(s) raison(s) avez-vous choisi de vous expatrier ?

Je viens de donner l’une des raisons, juste avant. Mais sinon, les raisons de cette expatriation choisie et mûrement réfléchie sont nombreuses : besoin de changer de vie, oui ; désir d’aventure, oui ; meilleur niveau de vie, non, c’est même plutôt le contraire, j’ai choisi une forme d’ascétisme et de retour à la nature ; la fiscalité, je m’en fous, je continue de relever du système français de ce côté-là.

Lever de soleil

Lever de soleil

Comment s’est passé votre départ ?

Ah ça, vaste sujet ! En fait, je suis en plein dedans, puisque le moment est venu de « liquider » la présence française. Et je galère encore à savoir si je n’emporte que les livres, ou si je prends quand même un lit confortable dans le container ! Le plus compliqué étant d’organiser le voyage de Marratu, la vieille chatte dont j’ignore si elle supportera la chaleur là-bas… Sur le ressenti à proprement parler, je suis quelqu’un qui adore partir. La notion de « départ » me plaît énormément. Celle de retour m’angoisse…

Comment se sont passées les premières semaines sur place ?

Je parlais déjà parfaitement la langue, et cela m’a aidée sur place. J’ai compris qu’il ne fallait pas « la ramener », et laisser passer si des fois, les gens n’étaient pas très ouverts. Petit à petit, les liens se sont tissés, et aujourd’hui j’ai la faiblesse de penser que j’ai de vrais amis, là-bas. En tout cas, chaque « retour » au village est salué par un accueil cordial, des embrassades, des petits cadeaux, et des fêtes sympas. Après, le fait que j’arrive déjà avec mon travail (un écrivain n’est pas menaçant) est un avantage, car je ne représente pas une menace « économique » pour les Mexicains. Je ne viens pas voler leur travail. Ça aide beaucoup, je vous assure !

Qu’est-ce qui vous plait dans le pays où vous vivez actuellement ? Qu’est ce qui vous plaît moins ?

Je serais tentée de répondre : tout. J’ai trouvé ma place le jour où j’ai posé mes pieds sur le sol mexicain. Une espèce de sérénité et de « fusion » avec ce qui m’entoure là-bas, un sentiment étrange que je n’avais jamais ressenti en France, ou même dans certains voyages précédents à l’étranger.

Par rapport à votre pays d’origine, qu’est ce qui est mieux ? Qu’est ce qui est moins bien ?

Ce qui est mieux : d’abord, le climat ! La mentalité simple et chaleureuse des gens, leur authenticité. Une vie plus collée à la nature, où l’on s’éloigne de la surconsommation. J’explique : notre province est la deuxième la plus pauvre du Mexique, la nourriture n’est pas une évidence, le confort non plus. Apprendre à ne pas gaspiller, à tout apprécier, c’est une éducation que je préconise à tous. Ça fait du bien, « humainement ».

Ce qui est moins bien : une vulnérabilité plus grande par rapport aux aléas de l’existence. Si un problème de santé grave survient, ça peut être embêtant. J’ai choisi de vivre loin de tout, mais la vie de « sauvage » a ses avantages et ses inconvénients. Parfois aussi l’envie de « plonger dans du confort extrême », de prendre un bain moussant, de dormir dans un hôtel de luxe, de manger des plats raffinés. Oups, j’ai honte ! Il y a aussi les ouragans qui peuvent singulièrement gâcher la vie. En 2012 toujours (sale année pour moi), un ouragan en juin a complètement arraché le toit de la terrasse de notre habitation.

SONY DSCQuelles sont les caractéristiques de votre pays d’expatriation ?

  • La mentalité des locaux

Les gens peuvent paraître hostiles, ou du moins fermés, dans le Sud. Certains n’ont pas souvent vu des « blancs » dans mon coin. Mais quand on parle la langue, qu’on essaie d’entrer dans leur culture, ils s’ouvrent immédiatement et en conçoivent un grand bonheur. Le sourire est le meilleur passeport pour entrer en contact avec eux. Les Mexicains sont d’une nature joyeuse, malgré tous les malheurs et difficultés qui les terrassent, et toutes les occasions d’un moment de fête sont saisies. J’adore ça…

  • Le climat

Le Mexique est un vaste pays (environ 4 fois la France), il peut faire très froid dans certains endroits, très chaud dans d’autres. Je vis dans une zone tropicale, et il fait donc TRES chaud. Il y a une saison sèche (de novembre à mai) et une saison des pluies (de juin à octobre) avec parfois des ouragans et de méchantes tempêtes destructrices.

  • Le logement

Là encore, tout dépend de l’endroit où l’on se trouve. Pour moi, ça a été compliqué (vous aurez compris que je ne vais jamais vers la facilité, rires !) car la zone où je vis est encore organisée en « communautés » à l’ancienne, où l’on n’est pas propriétaire du « sol » tant que l’on n’est pas mexicain. D’où l’obligation de se diriger vers la nationalité rapidement. Mais dans les grandes villes, ça a l’air beaucoup plus simple de s’installer… Après, encore une fois, je vais me désolidariser du comportement général, mais je n’aime pas la « notion de propriété », je me sens citoyen du monde, et j’adore être libre de mes mouvements, donc ce n’est pas un aspect très important à mes yeux. On n’emporte rien de l’autre côté. Ce qui est important, c’est ce que l’on vit, pas ce que l’on possède.

  • La nourriture

J’aime beaucoup la nourriture de ma zone : le « mole » (sauce à base de piments et de chocolat), les « tamales » (galettes de maïs fourrées), les chilaquiles ou les enchiladas, les « camarones empanizados » (crevettes panées), surtout les fruits (bananes, oranges, citrons, mangues, papayes, noix de coco, etc…) et les légumes (cactus nopal, chayote, tomates rouges et vertes, chaya – genre d’épinard, très bon pour la santé, etc…). Je suis végétarienne, voire végétalienne, et la zone est très « adaptée » à ce mode de vie, contrairement à la France où c’est toujours sujet à rejet et commentaires désobligeants.

Je n’aime pas du tout les « chapulines », crickets grillés, ni l' »elote », le maïs en épis.

Ce qui me manque, ouhla… Pour vous dire, quand je reviens en France, je me rue sur : le pain (!!!), les croissants (!!!), le fromage et le vin rouge ! J’en oublie mes principes végétaliens, face à un morceau de bon fromage, miam !

  • La scolarisation

Je n’ai pas d’enfants, mais en revanche je vois le système scolaire sur place. Pour les enfants mexicains, c’est juste l’horreur ! Pour exemple, depuis septembre 2013 les instituteurs de notre région sont en grève, donc les enfants autochtones n’ont plus d’école ! Déjà que leur programme est fort limite, là on les condamne définitivement. J’ai évoqué un « massacre éducationnel », et je n’exagère pas. Les Français sur place ont pris la mesure de ce problème et ont créé leur propre école. Leurs enfants sont bilingues. Hélas, il faut instituer des « cours privés » pour permettre aux enfants de rester au niveau. Des villages de ma zone m’ont demandé de mettre en place des cours privés pour les enfants indigènes, car ils ont conscience de leur énorme manque éducationnel. Je vais essayer de les aider à ma modeste mesure…

  • Les vacances

Un écrivain n’est jamais en vacances. Ou l’est tout le temps. Tout dépend d’où on se place… rires.

  • La santé

Là-aussi, il y a une situation à plusieurs vitesses. Pour les autochtones, être gravement malade, signifie devoir vendre ses terres et ses possessions pour être soigné. Pour nous, si nous tombions gravement malades, nous essaierions d’être rapatriés en France. Il y a aussi la possibilité d’aller dans les grandes villes, voire même d’aller aux Etats-Unis, mais en payant…

  • La conduite

On roule comme en France. Le permis est valable là-bas, il faut juste le faire valider par les autorités. Dans mon coin – je le précise, très très reculé et pauvre- peu de personnes ont leur véhicule, c’est trop cher. Il y a beaucoup de taxis et de « collectivos », des transports collectifs dans des camionnettes. Ils ne conduisent pas trop mal, ça va, même si je sais que la majorité n’ont jamais entendu parler de permis de conduire. C’est la jungle, dans tous les sens du terme !

  • La censure

Oui, évidemment. Je vais vous raconter une anecdote pour l’illustrer : j’adore le film « Frida » avec Salma Hayek, sur la vie de la peintre mexicaine Frida Kahlo (film de Julia Taymor). Je l’ai vu plusieurs fois en France, j’ai le DVD, bref… Un jour que je me trouvais à Mexico, j’ai noté que le film était programmé un dimanche soir à la télévision mexicaine. Je me suis dit que j’allais le « re-re-revoir » car le visionner depuis le Mexique devait lui donner une ambiance autre et singulière. Quelle n’a pas été ma surprise de voir que toutes les scènes pseudo érotiques étaient carrément censurées, ainsi que celles qui pouvaient être préjudiciables à « l’homme » (notamment Diego Rivera, le peintre mari de Frida). Ainsi les scènes où Diego trompait Frida avec sa soeur avaient été supprimées (pourtant primordiales pour l’histoire), ainsi que celles où Frida et Joséphine Baker étaient « trop » proches. C’était à la fois drôle et très rageant de constater ces amputations.

Idem pour les livres scolaires des enfants. J’y constate des « raccourcis historiques » assez saisissants. Le Mexique est un pays historiquement complexe. Le prix s’en paye encore au quotidien, si l’on se donne la peine de fouiller plus loin que les apparences, toujours trompeuses pour l’expatrié innocent.

  • Ce qui coûte cher dans votre pays d’accueil / ce qui ne coûte pas cher

Par rapport à la France, on vit bien mieux, surtout la nourriture, les vêtements (du fait de la température), ou les frais de chauffage (inexistants). Il n’y a même pas besoin d’eau chaude dans ma zone. Ce qui est cher (et pas bon), ce sont les produits d’importation.

J’ai voulu une fois acheter un « camembert » (ben oui, le manque, faut comprendre, rires !), c’était du plastique immangeable à quasiment 10 euros !

Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans les mentalités, les habitudes culturelles du pays ?

Je ne vais pas me faire d’amis sur ce coup-là : quand on sait ce que la religion a fait à ce pays au moment de la « Conquista » des Espagnols, à l’éradication de la culture préhispanique, voir aujourd’hui les Mexicains se ruer dans les églises, et subir le joug de curés corrompus jusqu’à la moelle, ça me rend absolument dingue. Voilà, c’est dit même si ça n’engage que mon humble avis. Pardon pour ceux que je vais heurter par cette réponse, mais elle est basée sur mon expérience personnelle sur place.

Avez-vous des «habitudes» ?

Il y a des habitudes de « liberté » que l’on prend vite : rouler sans ceinture de sécurité notamment (aïe, pas taper). Ne pas mettre de chaussures et aller pieds nus, aussi ! Après, je conserve une double habitude : celle de boire du bon café (l’achat d’une cafetière Nespresso aux Etats-Unis a été l’investissement le plus luxueux de l’expatriation !) car le leur est… spécial ; et ensuite, je continue de manger peu ou prou à l’heure française, un rythme qui n’est pas partagé par les Mexicains qui mangent tout et n’importe quoi toute la journée, sans horaire fixe (d’où peut-être leurs légers problèmes de surpoids et d’obésité ???)

Est-il facile de partir en weekend ?

Le Mexique est un pays culturellement richissime. Les pyramides, les temples mayas ou aztèques, l’artisanat merveilleux, les villes coloniales, tout cela fait que le Mexique est une destination touristique incroyable, dont on a du mal à faire le tour complet. Il me faudra plus d’une vie pour tout connaître et visiter, et certainement plus que de petits week-ends…

Décrivez votre cadre de vie

Là, définitivement, je vais fâcher tout le monde (pardon, pardon, pardon) : l’endroit où je vis est posé sur la plage, face au Pacifique, et en décembre, il n’est pas rare quand je lève la tête de mon bureau, que je voie passer une baleine au large. Je sais, c’est ignoble ! Il y a aussi les tortues et les dauphins. Pour moi qui adore la jungle, c’est un bonheur de vivre également cernée d’animaux inhabituels en France (iguanes notamment, pélicans, etc…) et avec une flore époustouflante.

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Racontez-nous une anecdote ?

Un soir j’étais couchée dans mon lit, la tête appuyée en arrière contre le mur. J’avais mon ordi sur les genoux, et j’écrivais. Là, j’ai senti « quelque chose » me chatouiller le crâne. J’ai cru à une petite araignée ou un truc comme ça, mais le chatouillement devenait insistant. J’ai éclairé le mur avec l’écran de mon ordi, et là, j’ai trouvé une femelle crabe en train de jouer dans mes cheveux frisés. J’en ai été pour une belle frayeur, un gros cri dans la nuit, mais la femelle crabe a été sauvée et ramenée à son habitat naturel sans subir de mauvais traitement ! Pas la peine de m’envoyer la SPA !

Racontez-nous une journée typique ?

Vous l’aurez compris, il n’y a pas de grande différence entre mes week-ends et mes journées de semaine.

  • Lever 6 heures du matin avec le soleil. Souvent, balade sur la plage, prise de photos, moment de sérénité pour démarrer le jour.
  • Vers 8 heures, petit déjeuner avec jus de fruit, café ou thé, plat de fruits exotiques.
  • Papoter avec les voisins, les amis de passage, un grand moment, s’échanger les nouvelles du village. La cafetière Nespresso (pardon pour la pub) attire du monde, rires ! Lire la presse locale sur Internet. Parfois aussi les nouvelles de France ou du monde…
  • Ecriture jusqu’à 11 heures.
  • Premier bain de la journée, jusqu’à midi.
  • Midi : déjeuner frugal : une soupe de légumes, un yaourt. Le plus souvent.
  • L’après-midi, sieste ou écriture, rédaction de mails avec la France (il y a 7 heures de moins au Mexique qu’en France, c’est donc un bon moment pour correspondre avec la famille ou les proches restés en France). Vers 15 heures, re-plage, natation, baignade. Ensuite, re-écriture. Vers 18 heures (heure à laquelle le soleil se couche), repas du soir. C’est un moment de paix, où j’aime bien sortir, aller manger « par là », parfois chez des amis.
  • Coucher vers 20 heures.

Les journées passées « à la ville » sont plus chargées. Il faut partir tôt, car la grande ville la plus proche est à une heure 15 de route. On prévoit alors des courses dans un vrai supermarché, faire le plein, et parfois s’offrir un « temazcal » (soin préhispanique) et un massage. Et luxe suprême, aller manger une glace, une vraie !

Pelicans au lever du jour

Pelicans au lever du jour

Votre adaptation

Votre intégration a-t-elle été facile ?

Oui, je l’ai dit plus avant, l’intégration a été facile. Surtout, j’insiste particulièrement, par la pratique de la langue.

Avez vous rencontré facilement les « gens du pays » ?

Etonnament, oui ! Je suis assez sauvage, et ne noue pas de liens facilement. Moi qui vivais comme une recluse en France, là-bas je me suis fait de vrais amis.

Voyez vous / côtoyez vous d’autres personnes de votre pays d’origine sur place ?

Oui, j’ai tissé des liens forts avec les Français vivant sur place. Nous nous invitons mutuellement à manger, faisons des fêtes ensemble (mais souvent avec les autochtones aussi), partageons la vie de la communauté, etc… Quand les uns ou les autres rentrent de France, ils apportent des cadeaux aux français restés sur place (le trafic de saucisson, de chocolat et de camembert qui a été mis en place est juste scandaleux, rires !) En revanche, je n’aime pas beaucoup – pardon – sympathiser avec les touristes français qui viennent jusque-là, ils sont toujours terriblement ancrés dans leurs a priori.  Ou totalement marginaux, car le coin attire les « babas-cools ». Parfois cependant, si ce sont des jeunes et des baroudeurs sympas, je les héberge dans ma maison.

Vous êtes vous facilement adapté à votre nouveau pays ?

Re : OUI.

Connaissez-vous la langue du pays ?

Oui, je la connais. Je parlais déjà l’espagnol, du fait de ma proximité d’enfance avec l’Espagne. Et en outre, en France, j’avais passé un diplôme d’études bilingue Français-Espagnol.

Votre lien avec votre pays d’origine

Face à quelle mentalité/habitude/défaut de votre pays d’origine êtes-vous plus clément, avec le recul d’habiter à l’étranger ?

Euh, joker ? Je ne suis pas très clémente à vrai dire…

A quelle fréquence rentrez vous dans votre pays d’origine ?

Actuellement, tant que j’ai encore des attaches en France, je rentre deux à trois fois par an. Dans l’avenir, je ne reviendrai qu’une fois par an.

Avez vous des contacts réguliers avec votre entourage resté dans votre pays d’origine ?

FaceTime tous les jours, et Skype aussi. Après, comme je l’ai dit plus haut, j’ai perdu beaucoup de mes êtres chers, donc je n’ai plus beaucoup d’attaches en France. Les membres de ma proche famille qui me restent me manquent, oui… C’est pourquoi j’use et abuse de FaceTime pour les appeler tous les jours…

Avez vous prévu de revenir vivre dans votre pays d’origine un jour ?

Certainement pas ! Il faudrait vraiment que je sois obligée de le faire pour y penser. J’espère finir ma vie, mourir et que mes cendres soient dispersées au Mexique.

Cascade Copalita

Cascade Copalita

Conclusion

Avez vous évolué ou grandit depuis votre départ ?

Oui, j’ai beaucoup changé. Je suis devenue plus « écolo », plus collée à la vie proche avec la nature, plus empreinte de spiritualité (passionnée par les rituels préhispaniques), et même mon écriture a changé : moins alambiquée, plus directe, je crois… Je prends davantage le temps de méditer, de penser, de lire, de réfléchir…

Avez-vous des conseils pour les futurs-expatriés ?

Qu’ils préparent soigneusement leur départ. A moins de fuir son pays, et de s’envoler sans rien vouloir garder de sa vie précédente, il faut bien préparer le franchissement du cap : surtout, surtout, j’insiste, mais maîtriser la langue du pays d’accueil. On ne peut pas embrasser la culture d’un pays sans en maîtriser parfaitement sa langue. Sinon, on reste éternellement un « personnage extérieur », quasiment un spectateur. Et puis, attention aux gens qui ont des enfants. J’ai pu faire des choix radicaux, parce que mon métier et l’absence d’enfants me le permettaient. Sinon, j’aurais été contrainte de faire davantage attention.

Comment vous voyez vous dans 5 ans ?

Je ne veux surtout pas me projeter en avant, mes épreuves récentes m’ont appris que la vie bascule d’une minute à l’autre, parfois de façon dramatique. Désormais, c’est la vie au jour le jour, quasiment heure par heure, et c’est tout.

Dans quel coin du monde rêvez vous de vivre ?

Je rêve de faire un tour du monde qui durerait des années, mais sinon, j’ai trouvé « mon » paradis, le coin où je veux vivre, c’est celui où je suis au Mexique.

Coucher de soleil

Coucher de soleil

Retrouvez Gracianne sur son blog

Le blog de Gracianne : http://www.graciannemexique.com/

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Remerciements

Merci à Gracianne d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions et d’avoir partagé avec nous sa vie au Mexique !

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